ARTE Concert Festival 2024 – LE RÉCAP

Bientôt dix ans qu’Arte investit la Gaîté Lyrique à Paris pour en changer les espaces, y installer des scénographies stylisées et inviter des artistes prêts à jouer pour une performance prenant les allures de carte de visite sur les Internets. L’intenable Jehnny Beth et The Kills l’an passé, Porridge Radio, Bill Ryder Jones, Kompromat et la très rare St.Vincent se sont entre autres amusés devant les caméras cette année.

Il n’est jamais trop tard pour Porridge Radio de nous faire bonne impression

Notre rencontre avec Porridge Radio avait démarré du mauvais pied ou plutôt par des morceaux inadéquats. A ses débuts et esseulée, Dana Margolin s’est depuis entourée et porte son sixième album en 9 ans. Un total imposant pour une artiste constamment sur la tournée depuis que la période post-COVID le permet. Rupture amoureuse et burn-out sont les thèmes de son très bon Clouds In The Sky They Will Always Be There For Me et sa version live nous a captivé de la première à la dernière minute. Avec un groupe en place dans un parfait équilibre entre le respect des rôles et la sortie de route, il faut avouer que nos yeux sont rivés sur la compositrice. Voix écorchée et interprétation à fleur de peau sont des mots qui peuvent sonner comme étant automatiques au vu du style musical mais il faut la voir habiter ses mots pour prendre la mesure de sa performance et la valeur ajoutée que revêt ici le live sur ses morceaux. En tournée européenne jusqu’à la fin d’année et en mars prochain, le groupe devient de suite une excellente adresse.

St.Vincent, au firmament ?

Quelle excellente pioche que d’avoir programmer St.Vincent dans ce cadre pour son unique date française de sa tournée européenne. Entre Milan et Anvers, nous aurons donc l’honneur d’un set best-of réorchestré avec un groupe plus teinté rock puisque All Born Screaming sorti en avril dernier  bénéficiait de ces arrangements. Sous une allure sophistiquée et porté par un concept différent à chaque album, ils ne sont clairement pas venus pour taper la pose. Toutes les configurations y passent : des morceaux les plus agitées avec un cri arraché en point d’orgue pour ‘Broken Man’, du clavier/voix, la version dance de ‘New York’ ou les tubes à la ‘Digital Witness’ et ‘Los Ageless’. Au-delà du contexte de la salle, de la jauge et de la gratuité de l’événement, on se sent vraiment privilégiés ce soir-là.

Exceptionnelle musicienne et artiste complète jamais avare en changement d’univers, elle peut avoir la fâcheuse tendance à nous perdre. Malgré sa qualité d’exécution, l’album Daddy’s Home nous avait poliment ennuyé et ce retour aux guitares et à une certaine folie emballe une machine qui peut sembler millimétrée. Les prestations passées de St.Vincent vues depuis dix ans à la Cigale, au Trianon ou en festivals pouvaient sembler chorégraphiées. Les années passant et la présence des caméras ont peut-être ajoutés ce qu’il fallait de piquant et de fou pour rendre le show encore plus vivant. En témoigne ces nombreux échanges avec le caméraman présent sur scène, parfois tellement pris à parti qu’il pouvait être le cinquième membre du groupe le temps d’une soirée. Même si Annie Clarke prend beaucoup de place, il serait d’ailleurs criminel de ne pas évoquer les autres personnes présentes sur scène ce soir-là. Connue pour changer à chaque album de direction artistique, de style musical et vestimentaire, il ne faut pas trop en demander lorsqu’on rejoint ses équipes en tant que membre de tournée. Pourtant, on espère que ce crew restera en place pour la suite tant il assure son rôle avec classe, complicité et discrétion. A la basse, Charlotte Kemp a déjà été vu dans les derniers disques de Sean Lennon. Elle partage les back avec Rachel Ekroth aux claviers,  Jason Falkner à la guitare et on pourra aussi saluer le coffre et la justesse de Mark Guiliana à la batterie croisé avec David Bowie et M83.

Transfuge de David Bowie, Prince, des Talking Heads, de Madonna et surtout bien consciente d’elle-même, St.Vincent est actuellement en pleine possession de ses moyens et nous a semblé jamais autant en forme et ce dans tous les compartiments dans son jeu. On scrute les plannings pour une prochaine venue parisienne d’ici la saison des festivals !

 

Un moment suspendu avec Bill Ryder-Jones

Pour entamer le week-end, l’ancien guitariste de The Coral s’installe dans le magnifique foyer historique de la Gaîté Lyrique. 13 ans après les débuts de sa carrière solo, il est accompagné par Evelyn Halls au violoncelle. De cette performance très intimiste, il sera difficile de conseiller autre chose que de se tourner vers les très belles images rapportées par les caméras, aidées par un travail somptueux sur les lumières qui transforment ce cadre en véritable tableau. Son cinquième album Iechyd Da est toujours disponible depuis le début de l’année via Domino.

 

La tarte KOMPROMAT

Grand amateur de Vitalic en live croisé uniquement en festivals, notre curiosité ne nous avait jamais fait rencontrer le duo KOMPROMAT et sa collaboration avec Rebeka Warrior entendue au micro chez Sexy Sushi et Mansfield.TYA. Cinq ans après leur premier effort Traum und Existenz, ils reviennent pour nous faire danser et casser des bouches. Résultat : 1h15 d’électro frontale, dansante connectant Paris et Berlin et nous donnant l’impression qu’on a changé deux fois l’heure dans la soirée. Non pas pour reculer d’une heure mais pour passer de 21h30 à 03h du mat’. Allez donc à leur future tournée des stades prévue en 2025 !

Merci Arte tout simplement et à l’année prochaine !