Il n’aura fallu « que » 15 ans à At The Drive In pour se retrouver à nouveau en studio, nous dit le communiqué de presse. La route était un peu compliquée. Une rupture, The Mars Volta, Sparta, une reformation pour les lives et l’argent au départ et nous voilà avec Interalia. On passe volontairement sous silence les 1732 projets d’Omar Rodriguez-Lopez, on a déjà dédié une playlist et un article à ce sujet. La quinzaine d’années d’absence représente quasiment 3 fois l’existence du groupe dans sa première mouture, qu’est-on en droit d’attendre de cette résurrection inespérée ?
Zéro crise de la quarantaine
L’urgence et l’énergie caractéristiques de ATDI n’ont apparemment pas eu besoin de bien longtemps pour être ranimées. Pour des quadras, on sent une force presque juvénile ou adolescente derrière la plupart des titres avec un tempo qui ne niaise pas, pied au plancher. « Pendulum in a peasant dress » ou « Incurably Innocent » débarquent avec des riffs agressifs d’Omar et une batterie en rouleau compresseur devant lesquels on peut difficilement lutter. Excellente surprise, Cedric Bixler Cavala a su se caler aussi et son chant est raccord avec les attentes, bien éloigné des répertoires qu’il a bossé depuis.
Au delà du tempo et du chant, le quintet d’El Paso a su ressusciter le son signature qui avait fait leur succès, à savoir l’équilibre entre la folie des deux chevelus et la sobriété de la section rythmique (en y ajoutant la guitare de Keely Davis qui remplace Jim Ward). A ce niveau là, Interalia est un succès, et il est rassurant pour les fans (et pour les autres) d’enfin avoir de très bon morceaux d’At The Drive-in à ce mettre sous la dent, même si les compos moins flamboyantes qu’aux plus belles heures du groupe. Enchaîner derrière un album comme Relationship of Command était mission impossible et il faut avouer que ce petit frère surprise est reçu avec bienveillance. Pas de claque à noter certes mais beaucoup de plaisir à entendre la clique s’éclater, envoyer le pâté sans retenir les coups sans jamais paraître pour de vieux cons ayant 3 trains de retard.
Et la suite ?
Même si cette sortie est d’une qualité inattendue, pourquoi ne pas sortir le deuxième disque d’Antemasque avec Travis Barker à la batterie visiblement fini depuis plus de 15 mois ? Interalia ne lorgne pas sur d’autres projets de la bête à 2 têtes et ne court jamais trop vers le passé d’ATDI. En fonçant tout droit et en ne cherchant jamais trop à réitérer le coup de maître de 2000, il arrive à apporter une nouveau chapitre à l’histoire du groupe sans paraître pour une pièce rapportée et démontrer qu’eux seuls sont capables de sortir leur son.
Merci à Hilikkus pour cette chro à 4 mains et à Caroline France pour avoir envoyé le disque en avance.