BÅKÜ est un groupe de post-metal valentinois qui dans un mois et un jour livrera un des plus beaux parpaings de l’année : son premier album « Soma ». Une œuvre dense et exigeante qui devrait toutefois pénétrer sans trop de résistance les tympans des fans du père (Neurosis), du fils (Cult of Luna) et du Saint-Esprit (Amenra).
La galette a été coupée en cinq parts, chacune titrée « OPPOSITE » et numérotée de 1 à 5. Le premier et le dernier titre sont dès à présent en écoute et vous pourriez aussi bien jouer les critiques littéraires pour formuler un avis à la simple lecture de la première et de la dernière page, mais ce serait passer à côté du voyage.
Maintenant oui !
Le baku est une créature fantastique japonaise issue du folklore chinois qui a la réputation de manger les rêves. Certains le représentent aujourd’hui comme un tapir, ce qui est certes mignon, mais le groupe a lui préféré retenir une de ses premières apparences bien plus terrifiantes : une chimère éléphant-tigre.
On peut le voir dessiné sur l’artwork de « Soma », parfaitement réalisé par Emy d’Arrache Toi Un Œil :
Accompagnant les pas de sa créature, BÅKÜ a choisi avec « Soma » de traverser le sommeil, l’éveil, puis le réveil.
Le chanteur et guitariste Daniel Arnoux décrit ainsi la première track :
« OPPOSITE 1 » débute avec l’éveil du Båkü au moment où vous, moi, nous abandonnons au sommeil. Cette chimère nous rejoint dans nos rêves, et ouvre notre esprit à la perception, il est le vecteur vers la somatique. Les paroles traitent directement de somatique et de cette faculté à pouvoir s’observer de l’extérieur et plus uniquement de l’intérieur. Et donc de la frayeur que cela peut susciter. « Qui suis-je ? Où vais-je ? » en somme. Vers le milieu du morceau, on se retrouve à une croisée des chemins, dans un méandre de pensées. Mais déjà, la lumière du jour chasse Båkü et la voie qu’il nous montre. La lumière étiole les rêves, la lumière efface la voie.
Quant à la toute dernière track, il raconte :
« Opposite 5 », dans ses nombreux mouvements, est un dialogue entre BÅKÜ, toi, le Yōkai ou le Moi : savoir si nous sommes devenus nous-mêmes, demander au baku de continuer à nous montrer notre propre voie. Accepter en pleine conscience qui on est devenu, être en accord total avec soi-même. Le début est la gifle que l’on prend parfois dans la vie, la fin est l’intensité de notre combat intérieur et entre les deux chemine notre destin.
« Soma » est prévu pour le 21 mars et se précommande sur bandcamp.