Cette année, VisualMusic recense par membre de l’équipe ses préférés de l’année et s’ajouteront à la file des membres de labels, de groupes et d’acteurs de l’industrie musicale. De quoi faire ton marché dans une année mouvementée.
Si la musique était une religion, Le 7e Oeil serait fabricant officiel de reliques.
AMENRA « Mass VI » (Neurot Recordings-US version/Amenra-EU version)
Sans concessions aucunes, l’Album de l’année avec un grand A.
Mass VI est comme un édifice bâti sur la puissance et la beauté. Un monolithe sombre et massif laissant entrevoir d’intimes fissures de clarté qui le rendent encore plus sincère et touchant. Mass VI poursuit le chemin débroussaillé par ses prédécesseurs, en livrant cette fois encore une communion, sans doute plus intense et personnelle que jamais, empreinte d’une énergie spirituelle. Un rituel comme expiation.
Au fil des diverses collaborations avec Amenra un lien particulier s’est créé, rapidement mué en une amitié sincère et un profond respect mutuel. Une émotion particulière a entouré la conception du packaging de l’édition spéciale, le titre de l’une des pièces de cet opus faisant référence à mes enfants. Sans aucun doute pour moi le plus beau cadeau de cette année. Ainsi, afin de livrer un objet à la hauteur de ce qu’il représente, l’encre chargée émotionnellement a spécifiquement été élaborée à partir de particules physiques (cendres de cheveux) propres à cette relation ; l’ensemble travaillé à la main, dessiné à la plume naturelle, et cacheté à la cire, comme un rituel.
Amicitia Fortior
BELL WITCH « Mirror Reaper » (Profound Lore Records)
Avec un seul et unique titre de plus de 83 minutes, formé d’enchevêtrements de voix parfois incantatoires, souvent caverneuses accompagnées d’une basse six cordes et d’une batterie, Mirror Reaper est construit comme son propre reflet. Sous titrées As Above / So Below, les 2 parties de cette pièce, expriment tour à tour, des émotions telles que colère et solitude, sur le schéma de la thèse et antithèse, employant chacune des structures similaires pour créer un tout massif, puissant et envoûtant. Fonctionnant comme pivot central de cette oeuvre, quelques pistes vocales d’Adrian Guerra issues de session d’enregistrement de Four Phantoms, avant son décès tragique.
Le sublime artwork signé Mariusz Lewandowski, en réponse au concept de l’album, se décline sur un gatefold avec ouverture à gauche (plutôt que classiquement à droite), comme respect mutuel des oeuvres musicale et graphique.
Mirror Reaper est un tout. Un hommage parfait.
PRIMITIVE MAN « Caustic » (Relapse Records)
77 minutes dérangeantes et oppressantes, à la noirceur sans concession. C’est lourd, c’est gras, c’est malsain, parfois asphyxiant. Bien que étrangement plutôt indigeste à la première écoute, les structures statiques qui composent Caustic contiennent cette noirceur intrigante qui pousse a y revenir encore et encore, pour finalement devenir une pièce maîtresse, totalement additive.
THROANE « Plus Une Main à Mordre » (Debemur Morti Productions)
MOTORPSYCHO « The Tower » (Stickman Records)
CHELSEA WOLFE « Hiss Spun » (Sargent House)
GODSPEED YOU! BLACK EMPEROR « Luciferian Towers » (Constellation Records)
AMENRA « Diaken » (Mass VI)
CHELSEA WOLFE « Vex » (Hiss Spun)
Avec un début virulent de guitares lourdes et puissantes, la voix vaporeuse et les assourdissantes mélodies électro-métal de Chelsea Wolfe se conjuguent avec talent aux growls de Aaron Turner (Isis, Sumac, Old Man Gloom), pour aboutir dans une fin lancinante à un sublime contraste.
HARVESTMAN « The Forest Is Our Temple » (Music for Megaliths)
SUMAC at ROADBURN (Tilburg)
J’aurais pu citer nombre de projets qui m’ont particulièrement touché cette année tant elle fut riche, comme par exemple AMENRA « Mass VI » (évidemment), THROANE avec « Plus une main à mordre », album qui aurait figuré dans le Top 5, car c’est toujours un immense plaisir et honneur de travailler avec Dehn Sora sur ses visuels d’une qualité qui remet ses propres techniques toujours en questionnements, ou encore LENTO « Four », mais je m’attarderais ici sur le projet qui aura peut être été considéré comme le challenge de précision de l’année, la quadruple pochette de Supertired pour SUPEGENIUS.
SUPERGENIUS Supertired (9000 Records/Hyperttension Records)
Commandé par le label flamand Consouling Sounds, il s’agissait de réaliser 4 séries différentes et liées de pochettes pour l’édition spéciale de l’album Supertired de SUPERGENIUS. Une version pour le groupe, une version pour chacun des labels réalisant cette sortie (9000 Records, filiale de Consouling Sounds et Hypertension Records) et une dernière version réservée au RoosterEdition du label flamand (souscription regroupant l’intégralité annuelle des sorties du label). L’album disposant déjà d’un artwork définitif dont l’image aux allures autrement américaine présente le grand-père du bassiste du groupe. Une couverture intrigante qu’il n’était nullement question de remettre en cause, mais plutôt de travailler sur cette qualité photographique en choisissant de concevoir quatre versions distinctes de surpochettes (slipcases), sur la base d’une décomposition CMJN, chacune sérigraphiées sur PVC transparent. La superposition des 4 versions recomposant ainsi l’intégralité de la couverture originale.