Bilan 2017 par Lolu

Cette année, VisualMusic recense par membre de l’équipe ses préférés de l’année et s’ajouteront à la file des membres de labels, de groupes et d’acteurs de l’industrie musicale. De quoi faire ton marché dans une année mouvementée.

Mon résumé.

2017 aura été pour moi extrêmement remplie musicalement avec beaucoup de découvertes mais surtout une plongée toujours plus profonde dans la soul, le Rn’B alternatif et, surprise, le jazz. Trois genres dont on parle peu ici, mais qui explosent actuellement et s’explorent mutuellement dans une relation assez charnelle.
Je me suis donc éloignée lentement mais sûrement de mes classiques metal/punk/hardcore, sans les renier pour autant.

Les disques

Très honnêtement, le choix a été très difficile pour moi cette année avec pas moins de 15 disques qui me semblent totalement indispensables. Mais on va tenter un petit résumé tout de même !

Le numero uno aura été pour moi le dernier Arcane Roots, Melancholia Hymns. Plus qu’un simple disque, c’est une BO de film, une petite expérience musicale parfaitement aboutie qui mêle toutes les influences mathcore/ rock progressif/ post-hardcore du groupe tout en les magnifiant avec des touches électro et classique. Un TRÈS gros morceau que je ne me lasse pas d’écouter.

Quasi ex-æquo avec les précités, le dernier album de Chelsea Wolfe, Hiss Spun, aura été une superbe claque pour moi après son concert envoutant du Hellfest. Une totale réussite gothico-metal qui m’a touché, autant au niveau des textes que des mélodies, toujours aussi noirs et profonds. Certains y verront du classic Chelsea, moi j’y vois une belle affirmation de son style.

Pour la troisième marche du podium, j’ai choisi un album que j’ai finalement peu écouté mais qui me parait comme une évidence tant son écoute m’a juste mis un méga uppercut : FOREVER de CODE ORANGE. Je ne comprends même pas qu’il n’apparaisse dans aucun top 5 tant je trouve la galette incroyable. Peut-être trop difficile à appréhender ? En tout cas, j’ai ressenti la même perte de repères que lorsque j’ai écouté Jane Doe de Converge à sa sortie. Kirt Ballou ne s’y est pas trompé d’ailleurs en les produisant. Franchement, ça fait du bien qu’un groupe secoue les conventions du hardcore.

Je saute de coq à l’âne. Pour la plupart des amateurs du genre, l’album rap de l’année aura été DAMN de Kendrick Lamar. Bon ok l’album est bon, mais pour moi le plus riche musicalement reste Flower Boy de Tyler, The Creator. Le monsieur du collectif Odd Future, connu pour ses frasques misogynes et homophobes sur internet fait un gros doigt à la terre entière en livrant un album intimiste (où il semblerait faire son coming out) et d’une diversité musicale renversante. Son flow grave et rocailleux est toujours aussi incisif et les guests au top (es copains de crew Frank Ocean et Steve Lacy, mais également A$AP Rocky, Estelle ou Lil Wayne).

Dans un autre genre plus smooth, Green Twins de Nick Hakim était l’une de mes attentes de 2017. Catalogué de « soul dépressive » par beaucoup, on est plus ici dans le pléonasme tant le monsieur a acquis et compris les codes du genre, y ajoutant des touches jazz et rock psychédélique. Cela donne un album venu d’ailleurs, totalement planant qui prend toute son ampleur (et plus encore) en live. Un pur bijou qui ne restera pas longtemps dans les limbes de l’anonymat et qui me met la chair de poule à chaque fois que je l’écoute.

Tant qu’on parle de musique dépressive, autant rester dans le thème et vous parler de Julien Baker. C’était ma découverte « mieux vaut tard que jamais » l’année dernière, et cette année confirme que définitivement, Julien est magique. Son album Turn Out The Lights m’a énormément touché, encore plus en live (comme j’ai pu t’en parler ici). Elle est pour moi la digne héritière d’un Dashboard Confessional (et ce n’est pas peu dire).

Je ne peux pas terminer ce top sans évoquer ma pépite du début de 2017, SOHN et son second album RENNEN. Fan du monsieur depuis son travail avec la chanteuse BANKS, j’étais très heureuse de découvrir un album électro-soul de qualité avec un travail particulier sur les sons corporels (voix, claquements de doigts). Pour ne rien gâcher au tableau, le monsieur est énorme en live.

Et les autres ?

Oui, j’ai parlé de 15 albums, et je n’en ai mis que 7 en top du top.
Pour les autres, j’évoquerai en premier lieu I See You de The XX, qui mérite tout autant d’être dans le top du top mais qui au final a fait du The XX. Certaines chansons valent vraiment le détour comme Dangerous/Say Something Loving/Lips/A Violent Noise/Performance (en gros le début de l’album), mais d’autres titres sont en deçà qualitativement parlant. Dommage.

Je ne peux pas également passer sous silence Frank Carter & The Rattlesnakes et leur album Modern Ruin. Alors que l’on soit clair, je ne suis pas du tout objective avec cet artiste. Pour moi, Frank est l’un de nos plus grands performeurs actuels et sa musique est une vraie claque pour moi. Pourtant, Modern Ruin me touche moins que Blossom. Attention, il reste TRES bon, mais ce fut une moins grande surprise.

Autre genre mais pour moi un must de 2017, c’est le second album de Wage War, Deadweight. J’ai moins suivi l’actualité metalcore de cette année, mais cet album est franchement génial si vous aimez le genre. En attendant, leur chanson Stitch a tourné en boucle lors de sa sortie et est sans pression l’un de mes titres préférés de 2017.

Dans le même genre, difficile d’oublier You Are We de While She Sleeps qui est honnêtement at the top of its game avec cet album. Ils font d’ailleurs une petite tournée française l’année prochaine avec rien de moins que Rolo Tomassi en première partie (oui, les amateurs ont dû s’étrangler en lisant la nouvelle).

Je citerai également le dernier EP de Milk Teeth, une valeur sûre et une bonne pépite punk, ainsi que le magnifique album du turntablist Kid Koala, Music To Draw To : Satellite, où la voix d’Emiliana Torrini prend une nouvelle dimension.

Les déceptions

Beaucoup de déceptions cette année, et par ceux que j’attendais le plus : Banks, Frank Ocean, Syd, Last Train, Enter Shikari. Peut-être que les attentes étaient vraiment trop hautes, mais l’écoute de leurs albums m’a laissé un goût de trop peu.

Côté concert, j’ai littéralement été dégoutée par la performance d’At The Drive In à Rock en Seine. J’attendais de pouvoir les voir en live depuis des années, et là, la douche froide.
De même pour le live de Mac Miller, minimum syndical, son DJ et lui, une setlist très bof, bref je suis repartie triste et déçue. Le concert d’Arcane Roots, très bien au demeurant, m’a tout de même laissé sur ma faim, j’attendais du grandiose.

Je suis passée à côté, mais peut-être pas en 2018

Bizarrement cette année, j’ai fait l’impasse sur les gros groupes que j’aime habituellement. Nine Inch Nails, QOTSA, Foo Fighters, Glassjaw, Converge et Bjork font partie de la liste, mais je ne suis pas pressée de les écouter. Mon petit doigt me dit qu’au final, pratiquement aucun de leurs albums ne marquera la face du monde (et c’est bien triste). Restent Amenra et Celeste, mais cela viendra ! (et Orelsan, ouais).

Les découvertes de 2017

Comme évoqué dans mon introduction, 2017 a été pour moi l’occasion de plonger encore plus dans la soul et le jazz. L’année dernière, je te parlais notamment de Koi Child. Good news, l’Australie a encore frappé fort ! Jordan Rakei, Tom Misch, Alpha Mist et Barney Artist, soit le collectif Are We Live, est juste de l’or en barre et fantastique en live, tout autant que Hiatus Kaiyote et sa chanteuse Nai Palm.

J’y rajoute la saxophoniste Laura Misch, le trompettiste Theo Croker, la magnifique Charlotte Dos Santos qui nous offre un album rétro qui me fait furieusement penser à Minnie Riperton, la simplicité de Sophie Meiers, la soul voluptueuse de Bruno Major qui m’a fait replonger dans Chet Baker (allez savoir pourquoi), mais également les chanteuses dans la veine de FKA Twigs : Tei Shi, Sabrina Claudio, H.E.R. et le rapeur Milo dont je trouve l’univers fascinant.

ça fait beaucoup de noms, du coup je t’ai fait une playlist, parce que je suis une meuf sympa (et aussi parce que j’ai vraiment envie que tu écoutes tout ça).

Les concerts

  • Gojira + Code Orange à l’Olympia. Une claque autant visuelle qu’auditive, j’aurai du mal à oublier une telle performance.
  • Ex-aequo avec le premier, le concert de Frank Carter & The Rattlesnakes à l’O² Brixton Academy. Un véritable raz-de-marée et direct dans mon top 5 des meilleurs concerts de ma vie.
  • The Dillinger Escape Plan au Hellfest puis à Paris. Très heureuse d’avoir fait les deux car ils étaient au final complémentaires. Un énorme choc, un mur du son.
  • Every Time I Die au Hellfest, de la folie pure qu’il sera difficile d’égaler.
  • Le combo Birds in Row/ Angel Du$t/ Touché Amoré à la Maroquinerie. Au delà du potentiel singalong de cette soirée, pouvoir screamer sur « Set Me Up » avec les copines (à l’image des copines de Washington) restera un super moment pour moi (un peu de girl power !)
  • Depeche Mode au Stade de France. Dave Gahan toujours au top et une mise en scène assez cool pour un stade.
  • And So I Watch You From Afar à la Maroquinerie, un grand moment de rock prog, la ferveur du public, le son énorme du groupe et leur lightshow m’ont coupé le souffle.
  • Julien Baker aux Etoiles, parce que j’avais envie de me mettre en PLS au fond de la salle tellement c’était beau.
  • Nick Hakim au Pitchfork Avant-Garde, de la finesse, rien que de la finesse, c’était beau bordel.

Les attentes pour 2018

Beaucoup d’attentes pour 2018, pêle-mêle : le We Love Green et son line-up de dingue, Birds in Row, Throw Me Off The Bridge, The Prestige, Bagarre, Marmozets, Jorja Smith, FKA Twigs, Koi Child, The Internet, Fever333, Frank Carter, Rolo Tomassi  et comme tout le monde : Tool/ A Perfect Circle.