Le bouche-à-oreilles est formel et notre site également : le concert donné par Botch au Hellfest 2023 était la claque du week-end. Une reformation après 20 ans d’absence qui se ponctue cette fois par une tournée d’adieu qui posait ses lourds bagages à l’Elysée Montmartre le 19 mars.
En guise de première partie, Great Falls et l’avion à réaction qui lui sert de sonorisation accueille une foule encore à moitié présente. La première sensation équivaut à une sorte de choc et de déflagration devant l’assourdissante prestation du simple trio. Présents sur l’ensemble de la tournée européenne de Botch, on aura apprécié l’effort même si on n’aurait pas été contre plus de subtilité et de nuances dans le son. Un doute qui aura habité une partie du public en vue de la prestation du groupe principale, qui ne nous aura pas empêché d’apprécier cette lourde complainte.
‘To Our Friends In The Great White North‘ débute les hostilités d’un combat en fosse âpre et intense. 5 minutes d’un morceau à tiroirs, à l’échelle du genre bien sûr, dont les rares accalmies permettent de reprendre son souffle et de se dire que Botch tient la forme. Monstre d’influence au sein du hardcore et de tous ses sous-genres et déviances, les quatre bonshommes ont dû retrousser les manches pour s’y coller et assurer sans qu’on ne ressente les deux décennies de pause. Un parcours improbable où le groupe a véritablement été actif entre 93 et 2002 avant de tirer sa révérence. En route depuis fin 2022, les quinquas soulignent leur âge canonique avec le sourire et remercient à profusion tous les trois morceaux la présence d’un public engagé. Un quatuor ému par ce qui se représente un dernier baroud d’honneur. Si on se doute de l’effort physique et du nombre de répétitions qu’il a fallu pour remettre la machine en route, il n’en paraît rien une fois sur le terrain. Son monstrueux, capacité vocale intacte, cervicales du guitariste d’une solidité à toute épreuve, c’est un mur du son en action avec ce qu’il faut de « subtilité » pour apprécier le degré de technicité que toute cette agression nécessite. Que la foule réponde present, c’est une chose mais on voit bien que les principaux intéressés n’ont pas pris le sujet à la légère et que la valeur travail a été respecté : 5 titres par album/EP pour 15 morceaux à l’arrivée. Conscients de s’être formés avant tout pour eux-mêmes, Botch a pris la décision de faire de ce retour un aller sans retour en refusant d’autres dates.
Très attendue des fans, ‘Afghamistam‘ embrayera le rappel et quelques chuchotements d’une foule ayant profité des deux bars de la salle. Un titre bien éloigné du répertoire habituel et dont le succès sur les plates-formes de streaming avaient surpris les membres du groupe au moment de composer les setlists. Les vinyles réédités au merch ont trouvé preneurs et si c’était une vraie dernière, elle aura eu des allures de belle et forte célébration. La bête n’a rien perdu de sa ferveur et peut être fière de cette reformation. On verra si cette fin est synonyme aura un impact sur Minus The Bear, Roy, Narrows, These Arms are Snakes ou Russian Circles : autres projets auxquels participent des membres de Botch.
Eton se quitte sur les photos de leur venue au Hellfest le 19 juin dernier.