Des années que leur musique m’enivre. Ce goût des grands espaces, cette faculté de marier l’americana la plus classique avec tout un tas de chouettes musiques latines, de la cumbia à la musique mariachi, en passant par le boléro ou la salsa. Calexico, c’est 20 ans de mélancolie, de joie et parfois – il faut bien le dire – d’ennui retranscrits sur 13 superbes albums. Et ce soir, c’était pour ma part la découverte de la formation en live.
Edge of the Sun, du soleil dans tes oreilles
Le talent n’attend pas, c’est pour ça que je rate les deux première chansons et une partie de « Cumbia De Donde » , leur petit morceau olé olé issu d’ « Edge Of The Sun » . Le son y est, l’ambiance aussi, jusqu’à ce que le groupe enchaîne sur les morceaux suivants, bien maîtrisés — un peu trop ? — mais très polis. L’héroïsme de « Black Heart« , la mélancolie de « Dub Latina« , jusqu’à l’instrumentale « Coyaocan » , petite resucée de leurs meilleurs morceaux sans voix : la diversité de leur discographie est assez bien représentée, malgré une prépondérance indiscutable du petit dernier « The Edge Of The Sun » .
La voix de Joey Burns est sûrement l’une des plus belles entendues en live, elle est incroyable de maîtrise, d’émotion et de variété. Le groupe est de manière générale excellent dans ce qu’il fait, du claviériste au trompettiste, en passant par le guitariste, contrebassiste et évidemment le batteur, John Convertino, n°2 de l’entreprise Calexico. Même s’il manque toujours un soupçon de folie, d’imprévisibilité, que les compositions ne sont pas toutes égales, on se laisse porter par la douceur de la musique et la beauté du chant.
Calexico y Gaby Moreno
Jusqu’à ce qu’arrive Gaby Moreno, première partie du concert du soir, et superbe chanteuse Guatemalienne de son état. Les chansons gagnent alors en diversité, le concert en intensité, le groupe devient plus communicatif et enjoué. Une femme peut définitivement faire la diff. La superbe « Miles From the Sea » , laisse place au rythme ska de « Moon Never Rises« , avant que Gaby retourne en coulisse.
C’est là que la reprise country enjouée « Corona » débarque, avec des « hiiiihaaa », des « yiiipeeee » en fond. C’est à ce moment que le concert devient carrément festif, avec un enchaînement « Soledad (Cumbia En La Mar) » (reprise d’un classique de la cumbia) et « Crystal Frontier » du feu de Dieu. Le groupe part sous les applaudissements, laissant quand même prévoir une bonne louche de rab’.
Bingo, le groupe revient sur « Inspiración » , morceau caliente issue de l’inusable « Carried to Dust » , qui fout le feu aux pieds et au slibard. C’est sur la toute aussi chaleureuse « Güero Canelo » que le groupe tire sa révérence, après nous avoir servi une prestation toute en nuance, tantôt tranquille et mélodique, tantôt enlevée et incarnée. Comme en enregistrement, le tout manque parfois de fraîcheur, mais difficile de se plaindre quand on sort avec une banane de compétition (et je parle bien ici de la bouche) et des fourmis aux pieds. Un grand concert pour un groupe immense.
Setlist de Calexico à l’Aeronef
- Frontera / Trigger
- Falling From the Sky
- Cumbia de Donde
- Fake Fur
- Black Heart
- Dub Latina
- Bullets & Rocks
- Coyoacán
- No te vayas
- Splitter
- World Undone
- Miles From the Sea (with Gaby Moreno)
- Moon Never Rises (with Gaby Moreno)
- Corona (Minutemen cover)
- Cumbia Soledad (with Gaby Moreno)
- Crystal Frontier
Rappels :
- Inspiración
- Güero Canelo (with Gaby Moreno)
Crédit photo : David Tabary