AMYL AND THE SNIFFERS ✖︎ Comfort To Me

Quel est le point commun entre le punk cradorigolo des suédois des Viagra Boys et le punk prolo des Sleaford Mods ? Un label, en l’occurrence, l’anglais Rough Trade Records qui a gentiment introduit le groupe Amyl and The Sniffers via de récents featurings chez les deux groupes précités (ici et ) ! Une belle introduction pour les australiens dont le premier album était un peu passé au-dessus des radars européens, à tort. Amyl et sa troupe de mal coiffés nous avaient servi un premier disque, éponyme, bien punk rétrograde façon 70’s et qui ne faisait pas dans la dentelle. Il faut dire que ce premier opus était tout de même produit par Ross Orton, qui a bossé sur « AM » des Arctic Monkeys. Deux ans et quelques featurings plus tard donc, les re-voilà avec « Comfort To Me » écrit durant la pandémie et qui se veut tout aussi brut et rugueux.

Unfriend.

À l’heure où les réseaux sociaux veulent dicter leur loi politique, sociétale et quasi physique, Amyl And The Sniffers font figure de résistants. Les mulets, le normcore vestimentaire (voire le mauvais goût), les danses arythmiques sont ici pleinement assumés à la manière des débuts de Die Antwoord, une esthétique du laid (comme la couverture) qui ne sert qu’un propos, défoncer les codes actuels pour s’assumer pleinement quoi qu’en disent les conventions.
La dictature du like et du bien pensant se prend ici un bon coup de pied dans les roubignoles, l’album se résumant à des titres menés pied au plancher sur l’autoroute de l’enfer, ignorant les challenges des réseaux sociaux où il faut danser à côté de sa bagnole. Non, ici on ouvre la dite porte pour la claquer dans la gueule des influenceurs, en faisant gueuler les guitares, quitte à se faire bannir des réseaux sociaux…

 » SALUT LES BEAUFS ! »

Ce disque est une ode au carpe diem punk, sur « Security », Amyl chante les paroles d’un mec bourré voulant entrer dans un pub cherchant l’amour et non la baston. On touche là à la quintessence du rock. Un brûlot de 30 minutes montre en main que n’aurait pas renié Lemmy et que le groupe revendique en parlant de « pub punk ». Amyl And The Sniffers revendiquent le moche, le moyen, le quotidien (« Break To The Front »), elle se fout des conventions, des avis des autres (le türboriffesque « Choices ») et l’album de ses Sniffers ne veut qu’une chose, atomiser la middle classe en lui disant de s’assumer pleinement et faire fi des qu’en dira-t-on.

 

34 minutes pour 13 titres, clairement, on n’a pas le temps de niaiser ! Les riffs se font d’une efficacité redoutable sur des titres allant de 1 mn 41 à 3 mn 40 pour les plus longs. Alors depuis le premier album, la prod’ s’est densifiée, affinée, mais la formule ne bouge pas vraiment et on ne peut que saluer cela. Et si cela parle souvent de relations, de l’image de soi, de la force féminine avec « Laughing » , (on va s’éviter le girl power sexualisé des Spice Girls), le grand capitalisme n’est pas oublié sur « Capital » avec un titre direct à la face, suivi d’uppercuts rock n’roll qu’Instagram censurerait tels des tétons sur une peinture du 18e siècle. C’est tellement bon qu’on se surprend, devant la simplicité apparente de l’album à y revenir, encore et encore…

Pour conclure

Alors certes, on pourra reprocher à l’album de faire un peu de surplace avec ses 13 titres et une attention qui décroit au rythme des titres toujours fourrés aux décibels. Mais les diverses écoutes permettent de révéler les « subtilités » de riffs, les solos ou encore les messages d’Amyl pour peu que l’on se débrouille avec la langue de Shakespeare. Au final, on ressort toujours de ces 30 minutes, quasi lessivé et on espère alors qu’une chose, assister à un live des australiens, Doc Martens aux pieds, éclaboussé par la bière à headbanger dans la chaleur moite de sa salle préférée.