Dans la tête de beaucoup, Garbage c’est deux albums. Un éponyme avec quelques classiques et Version 2.0, ayant hélas vite mal vieilli à cause d’une production truffée d’effets. Après un virage R’n’B raté, une longue pause s’est imposée avant se passer à un retour aux sources faisant office de cache misère pour revendre une semie reformation, un best-of et un dernier disque dont personne ne se souvient. Avec une pochette qui crie au bon goût, que veut-il nous dire 20 ans après son dernier bon album ? Au niveau des thèmes abordés, le groupe n’a pas changé malgré les années. On se promène toujours dans une ambiance emo, aux paroles d’ado mi-rebelle, mi-chouineuse : crédible à la vingtaine, risible à la quarantaine. Le tout enrobé par une production intégrant toujours plus de synthétique. A croire que Butch Vig est tellement dans l’analogique pour la prod des Foo Fighters qu’il n’arrive plus à quitter les effets trafiqués une fois son groupe retrouvé. Peu d’instruments ressortent dans le mixage avec un son compact où trône la voix et un fond sonore qu’on reconnaît si on a déjà eu affaire à « Stupid Girl », « Androgyny » ou « Only Happy When It Rains ». Conséquence ? Difficile de déceler la moindre corde vibrer et le tout vieillira encore très mal.
Same Old Song
Garbage, c’est aussi un penchant pour la balade faussement malsaine. « Even Though Our Love is Doomed » ou « If I Lost You » en sont les illustrations parfaites. A l’inverse, les passages les plus nerveux sont auréolés d’une note dark qui ravira les teasers de films de super-héros. La power pop inoffensive comme « We Never Tell », le mélange des genres tournant à la bouillie sur « So We Can Stay Alive » dont seul le refrain survit… mais je n’ose pas évoquer le ridicule de « Teaching Little Fingers to Play » où Shirley Manson nous chante qu’elle est une grande fille maintenant, que plus personne ne pourra la « réparer » et qu’elle fera comme elle l’entend à partir de maintenant. Nous avons officiellement trouvé la boss de fin du EMO game.
L’an passé, Marilyn Manson nous a prouvé qu’on pouvait casser des années de disette en modifiant sa recette tout en conservant ses forces. Ici, Garbage maquille son sixième album avec des artifices de toutes parts sans jamais muscler le fond. Compositions faiblardes, paroles digne d’un soap pour ados, ce disque est énervé comme un gothique ne trouvant plus son eye-liner. Tout paraît fake et surjoué. Du moins, on l’espère car être dans la minauderie à ce point, c’est pathologique. Strange Little Birds est peut-être meilleur que l’album précédent qui flirtait gravement sur l’EDM. Et alors ? Quitte à écouter ce genre musical, autant partir sur Speedy Ortiz ou Best Coast si vous voulez changer un peu. Sinon, si vous êtes encore ici à lire quelque chose à propos d’un groupe qui n’a rien sorti de vraiment qualitatif depuis une dizaine d’années, vous n’avez pas besoin de nous pour vous persuader de l’écouter.