The Kills ✖︎ Ash & Ice

Quinze ans. Le temps passé depuis ma découverte de The Kills, à l’époque en première partie des Franz Ferdinand au Zénith de Lille. A l’époque, le duo se faisait remarquer pour sa touche minimaliste, son ambiguité relationnelle et une tension jamais relâchée sur des morceaux tournant rarement au-delà des 2 minutes 30. Un résumé qui leur allait très bien sur leurs 3 premiers disques, Midnight Boom étant celui de l’explosion commerciale et grand public. Repris par la mode et la TV, ils ont pu embrayer leur mutation vers une formule plus étoffée allant jusqu’à l’intégration de choristes sur scène. Blood and Pressures date de 2011 et maintenant le groupe est tellement absorbé par les médias qu’il est devenu l’égérie de la marque Mango.

Tendon et mélanges

Cela fait bien longtemps que le duo ne s’appelle plus par des pseudos (Hotel & VV) : Jamie Hince est maintenant connu pour être monsieur Kate Moss et Alison Mosshart a joué avec les Dead Weather le temps de deux albums pour des partitions tout aussi furieuses, habitées et inspirées. Après un problème de tendon à la main nécessitant une opération, il s’est isolé en Sibérie pour un voyage en quête d’inspiration. L’album est donc là au milieu de ce contexte foisonnant que les deux refont surface. Ash & Ice est multiple avec 13 morceaux pour plusieurs facettes assez distinctes.
Pour commencer, les chansons logotées « retour aux sources » à base de guitares bluesy et chants à deux voix comme « Impossible Tracks », « The Whirling Eye » ou « Bitter Fruit ». Ensuite viennent les titres parfaits pour la synchro. Attendez-vous à entendre « Siberian Nights », « Doing it To Death » ou « Let It Drop » dans un reportage TV, une pub, un film. Ou les 3. Enfin, les grandes envolées dramatiques laissent la part belle à la grande Alison, ralentissant le tempo à n’en plus finir jusqu’à casser l’ambiance. « That Love » ou « Hum For Your Buzz » ne rendent pas aussi bien que « Impossible Winner » sur le dernier Dead Weather. En sus, les bluettes trop étirées « Days Of Why And How » et « Echo Home » qu’on pressent déjà entourées de claquages de mains et de briquets en concert. Ceux qui aiment les ressemblances auront du mal à ne pas retrouver du Garbage dans « Heart Of A Dog ».

Chaud et froid.

Ce cinquième rejeton est donc un mix dépareillé où l’on passe en permanence du grenier à la cave. L’ordre de la tracklist est aussi à mettre en cause avec un changement d’ambiance tous les 3 titres, sonnant comme un best-of. Hélas, qu’importe le registre et le style entrepris, Ash & Ice sonne plutôt le froid que le chaud. Connus pour leur facilité à pondre des tubes, du refrain entêtant, ils déçoivent sur ce point. A part quelques riffs, difficile de revenir sur ce disque. Nous sommes bien loin des précédents avec en cause des titres trop longs, redondants, manquants d’ampleur.
Un album frustrant, ni raté, ni réussi, qui traîne en longueur en reprenant les forces du groupe sans jamais ne retrouver vraiment ce qui fonctionne. A part son single « Doing It To Death » et ses quelques consoeurs, on repassera rapidement aux autres disques.