Les Arctic Monkeys sont aujourd’hui les rockstars adulées par un public assez jeune et toujours observés par leurs fans du début avec curiosité et ferveur. Tandis que d’autres leur reprochent d’avoir oublier leur énergie, passé Humbug. On conseille à ces derniers de ne même pas essayer de se pencher sur Tranquility Base Hotel & Casino, l’album le plus calme de leur discographie.
« Star Treatment » et sa lente comptine croonerisante, frôlant les six minutes installe l’ambiance feutré de ce disque. Du piano en avant dans le mix sonore, quelques cordes de guitares jouées avec parcimonie par micro touches et une section rythmique juste là pour soutenir les paroles ininterrompues du MC des prochaines quarantes minutes. « One Point Perspective » / « American Sports » sont du même tonneau avec une structure plus complexe et un enchaînement bienvenu. Des sorties de route de partout, notamment avec des percussions très jazz en contre-temps et un Alex Turner parfois prêt à des envolées insoupçonnées. Une ambiance à la James Bond se dégage de tout ça, avec une certaine classe il faut l’admettre. Le titre éponyme en met d’ailleurs une couche supplémentaire avec des claviers couleurs vintage seventies. Agréable bien que sûrement lassante à force d’être poncer par l’électro français et le rock psyché depuis dix ans. « Four Out A Five » se détache comme LA chanson enlevée et amenant le plus d’écoutes.
Est-ce que la machine n’aurait pas du s’emballer ? En général, lorsque les rockers veulent élargir leurs spectres, ils en deviennent soit dansants, soit lents pour embrasser la voix des balades. Mais le choix n’est pas obligatoire. Les Arctic Monkeys ralentissent têtes baissés vers les arrangements à la Elton John, David Bowie. Là où un groupe voisin comme les Mini Mansions ont su marier leurs influences et idoles sans perdre leur folie. On ne saurait trop recommander aux gens qui apprécient cet album de foncer vers leurs disques si ils ne les connaissent pas. Vous souhaitez un truc plus mainstream ? N’importe quel titre de Father John Misty possède plus de fond et de forme que le moindre morceau de ce sixième disque des Arctic Monkeys.
Tous pour UN.
Alex Turner a composé les onze titres seul au piano chez lui à Los Angeles, avant de les soumettre à son guitariste. Qui les a jugé digne d’être enregistrés sous le nom du groupe. Impossible pourtant d’y voir surtout le solo déguisé d’un chanteur omniprésent dans le son et où les compositions sont en permanence là pour soutenir ses efforts. Bien sûr, ce ne sont pas les premiers titres lents du groupe, il suffit de réécouter « Riot Van« , « 505« , « Cornerstone » ou Suck It and See pour faire un bond dans le temps sur les ambitions du crooner. Désirs autrefois éparses et qui emportent maintenant le groupe avec eux pour un résultat musical assez redondant hélas. On pleure la mise à mort du rouleau compresseur Matt Helders depuis Suck It and See. Heureusement pour lui, il complique la tâche en incorporant des rythmes syncopés en sourdine ayant le mérite d’exister. Le reste des membres fait office de figuration, au vu des pauvres touches que les guitares et la basse essaient d’intégrer en fond de la parole inarrêtable de leur chanteur/dictateur. A voir la performance récente du groupe chez Jimmy Fallon, on y aperçoit l’emmerdement des musiciens prêt à claquer 3 notes en 5 minutes.
https://www.youtube.com/watch?v=DHMBJ2do1XU
A l’heure du bilan, on peut saluer tout de même l’inspiration. A croire que les idées jamais trouvées dans le dernier Last Shadow Puppets se sont réfugiées ici. Nous ne sommes pas en possession d’une galette juste molle et creuse et ces titres méritent qu’on s’y attarde pour creuser la richesse des arrangements, les ruses disséminées et en filigrane ce qui peut bien être raconté par Turner. Ce qui ne fera pas oublier un encéphalogramme plat sur l’ensemble et trois derniers morceaux faiblards avec les indigentes « Bat phone« et » The Ultracheese » en queue de poisson ultime. Un combo si chiant qu’il requiert énormément de patience pour le subir plusieurs fois.
Si Alex Turner affirme dès la première ligne avoir toujours voulu être un Strokes, ils en ont maintenant le statut. Capable de sortir ce qu’ils veulent avec le soutien du public en prime. Au contraire de leurs aînés new-yorkais. Vu le virage de ce disque, pas sûr que la frénésie dure si longtemps par contre. Sans refrains accrocheurs, ni tubes à mettre en single ou à claquer en live pour déchaîner les fosses, on se demande comment le groupe va pouvoir faire vivre ce disque au-delà de ce délire solitaire d’une chanson s’étalant sur 11.