Cela fait maintenant quasiment 17 ans que j’ai écouté pour la première fois le BRMC. Dès le début, j’ai comme été happé par cet univers poussiéreux, qui m’a toujours semblé d’une ambivalence choisie et pertinente entre rock tonitruant et envolées nébuleuses. Blues, rock, et ballades. Depuis 17 ans, jamais de réelle lassitude malgré quelques baisses de régime de temps à autre. Specter at The Feast m’avait peut être un peu déçu tout de même. Dire que j’attendais impatiemment cet album depuis un bail serait loin de la vérité. L’intensité était montée d’un cran lors de leur passage à L’Elysée Montmartre en Novembre dernier. Cinq extraits de Wrong Creatures, album qui nous intéresse aujourd’hui y ont été joués. De quoi attiser la curiosité et nous donner envie de l’avoir entre les mains. C’est chose faite.
Que reste-t-il de nos amours d’antan?
Il n’y a finalement que peu de surprises au long des 59 minutes composants l’album, réparties en 12 titres. On retrouve cette ambiance lourde et pesante, poussiéreuse de toujours. On a parfois l’impression que cet album serait la bonne bande son d’un soir d’été, lourd, moite et assommant, où on n’attendrait finalement le coup de tonnerre et la pluie qui nous ferait peut-être un peu respirer. Mais l’illusion ne dure qu’un temps et malheureusement. Là où sur les précédents albums, des morceaux comme « Whatever Happenned » To « My Rock’n’Roll« , « Six Barrel Shotgun« , « Rise Or Fall« , « Weapon Of Choice » ou « Mama Taught Me Better« , pour ne citer qu’eux, se chargeaient de nous libérer de cette tension, on a parfois l’habitude ici de suffoquer et de ne jamais trouver cet espace libérateur qu’étaient ces morceaux les plus électriques. On notera un « King of Bones » relativement sympa, et un « Little Thing Gone Wild » (premier extrait teasé par le groupe), plutôt efficace bien que peu original. La tendance générale restera néanmoins à l’accalmie. Pire, « Circus Bazooko » restera comme le premier morceau du BRMC qui m’aura ennuyé à mourir.
Visiblement pas grand chose
Si la recette fonctionnera peut-être bien pour les néophytes, on regrettera un manque de décharges électrique, d’intensité, de relief. Ce manque de panache que le gang des margoulins à motocyclettes noires avaient l’habitude de distiller parfaitement auparavant. « Haunt« , « Question of Faith » et « Carried From The Start » dans le genre chansons sages sortiront plutôt bien leur épingle du jeu, mais c’est peu. Trop peu. On se risquera même à penser que le BRMC semble avoir de moins en moins de choses à dire, et ça, c’est assez moche.
On se dira finalement que même si ce Wrong Creatures n’est pas l’album du siècle, il ne fera pas non plus forcément office de cale-meuble dans les semaines à venir, on attendra peut-être quelques mois pour ça, et que si le BRMC reste à ce jour un excellent groupe de scène, plus que recommandable, il trouve peut-être dorénavant ses limites en studio.