« Bloodhound Gang ? C’est qui ça ? » C’est la question que la génération Y ne peut que se poser car ne connaissant certainement pas la formation US. Soyons clairs, les BG, c’est surtout l’histoire d’un live aux Eurockéennes de Belfort en 1999 et passé sur M6 dans la nuit qui mettait en scène ce groupe de fusion (prends un rappeur mets des guitares, salut la fusion) dans des situations folles sur de très bons titres de leur crû. Alcool pour les premiers rangs, imitations/reprises foireuses et chenille dans la foule pour donner une idée, voilà un groupe qui semblait bien en décalage en regard du sérieux de l’époque, les Smashing Pumpkins annonçant avec leur split, la fin du rock notamment.
Nostalgie quand tu nous tiens.
Seulement les Bloodhound Gang ont plongé assez vite après 2 albums bien fendards, le groupe avait eu le tort de sortir un « Hefty Fine » catastrophique qui relevait de l’accouchement contraint et forcé avec un résultat foireux, déjà après une longue période de silence, soit en 2005. Une insulte à la Mère Patrie plus tard, le groupe semblait avoir disparu pour de bon. Et pourtant en 2014, le single « American Bitches » déboulait de nulle part et en toute fin 2015 surtout, surprise avec l’album « Hard Off » que personne n’attendait. VRAIMENT. Annoncé sans fanfare ni trompette, pourtant il était bien là, sur Spotify avec sa pochette qui faisait craindre un Hefty Fine bis avec sa pochette de « moche ».
Sauf que passé les premières écoutes, on s’aperçoit que derrière cet album un peu daté, on retrouve aussi l’essence même de ce groupe qui avait fait marrer la génération X. Cherchez pas, toutes les chansons sont classées « explicit » chez Spotify en raison d’un humour toujours bien gras « Diarrhea. Diarrhea. Some people think it’s gross, but it’s really good on toast. Diarrhea. Diarrhea. » Amis de la poésie bonjour. En même temps, pas de surprise avec le groupe dont une des chansons phares consiste à envoyer une lettre à une porn star et de ce point de vue, Jimmy Pop fait toujours dans la déconne.
En tout cas, si le groupe fait toujours un peu plus appel à l’électro comparé aux premiers disques, il ne semble plus avoir fait l’erreur de se laisser guider par celui-ci. Les erreurs d’Hefty Fine semblent donc avoir été retenues. Et si même « Diary Of A Stranger » rappelle le pire de leur électro malgré leur évident hommage à l’électro allemande ou encore « Chew Toy », l’album contient aussi son lot de titres plus traditionnels. OUF !
Les guitares au secours.
Et c’est d’ailleurs à mi-parcours, que l’album se révèle. Dans la première moitié, seul le titre » Uncool As Me « avec Joey Fatone (ex-NSync) s’en sort dans ce registre aux côtés de « My Dad Says That’s For Pussies » qu’on croirait tout droit sorti de « Hooray For Boobies » et ses paroles aussi farfelues que « John Wayne would never use a surge protector ! » (comprendre John Wayne n’utiliserait jamais une rallonge avec protection parafoudre).
Au final, le groupe semble plus proche de ces hits passés sur la seconde moitié du disque que la première. « We’re gonna bring the party to you » est de ce point de vue une belle surprise, tout en tension musicalement et centré sur le flow de Jimmy Pop, preuve que le groupe s’en sort bien mieux sans son électro trop datée pour enthousiasmer 11 ans après le dernier album qui n’était déjà pas un succès (j’ai encore le titre « Uhn Tiss Uhn Tiss Uhn Tiss » en travers de la gorge), de ce point de vue des titres comme « Dimes » sont assez nazes et ce ne sont pas les paroles top délire déconne qui changeront ça « My rhymes score dimes, ain’t nothing you can do, It’s hard to clap with your dick in your hand dude, I write the songs that girls like to dance to », on lui préférera les titres « Socially Awkaward Penguin » ou encore la pop dépouillée de « American Bitches ».
Make the motherfuckers sweat !
Alors au final, que retenir de cet album ? Que c’est malgré tout une bonne surprise. Même si c’est l’album qu’aurait dû être « Hefty Fine » en 2005, problème, 11 ans se sont écoulés et du coup, pas sûr que le public d’un groupe relativement confidentiel soit encore au rendez-vous. Au pire, on écoutera avec une certaine nostalgie, le sourire en coin en découvrant les paroles du frontman mais difficile de dire si vous y reviendrez énormément. En tout cas, je mets un peu plus que la moyenne pour souligner l’effort qu’a dû être cet album et le fait qu’ils aient su redresser la barre. Maintenant, reste à voir si Tool attendra de battre leur record pour sortir leur propre album ou si le Bloodhoung Gang restera le maitre incontesté de la procrastination.