Comment ne pas penser aux Cure lorsqu’on écoute Is The Is Are ? Une longue tracklist qui évoque Kiss Me Kiss Me Kiss Me, des guitares familières et une ambiance plus émo que de longues tignasses noires corbeau. Conçu comme un double album avec une partie claire et une seconde plus sombre, ce disque rassasiera les amateurs de cold wave, de shoegaze et plus largement de psyché. Très copieux avec 17 morceaux au compteur et une heure de son au total, on est pourtant loin de l’indigestion et du remplissage. Le chiffre 17, bien connu des fans des Cure ou des Smashing Pumpkins qui revient d’ailleurs pour nous rappeler le nombre de secondes que durent l’interlude « (Fuck)« .
Cela ne nous regarde pas. Mais un peu quand même.
Sky Ferreira, déjà en feat sur le premier single du récent Chaosmosis de Primal Scream, rend visite à son homme sur la très Sonic Youth « Blue Boredom » pour un titre aussi efficace que cliché. Sans rentrer dans les détails de choses qui ne nous regardent pas ou peu, les histoires de drogues ont ralenti la vie de DIIV aussi bien en studio qu’en live avec par exemple deux annulations à Rock en Seine en 2013 et 2015. Un contexte qui alimente la totalité des paroles, notamment sur « Dopamine » où l’ami Zach nous parle avec une apparente candeur des conséquences de l’héroïne. Non, on ne parle plus de sa copine Sky Ferreira puisque le couple est toujours d’actualité.
Pour revenir à la musique, tous les tempos sont possibles de l’envolée rageuse « Incarnate Devil », à la balade naïve « Healthy Moon« , à la clôture en lente décélération sur « Waste of Breath » . Pour ceux qui suivent des groupes comme TOY ou The Horrors, DIIV réussit à concilier les qualités des deux. L’agacement et la puissance des uns, la montée crescendo et la faculté à pondre de longues pistes sans perdre en intensité des autres.
Mieux vaut tard que mauvais.
Zachary Cole Smith a franchi un cap depuis le sympathique mais monolithique Oshin. Le report de 10 mois de l’album s’explique par la qualité de ce qui est offert ici. « Dust » et son assurance est un excellent résumé de ce qu’est capable de donner DIIV lorsqu’il est à plein régime. « Valentine » est l’illustration plus gentillette : dansante et expédiée, elle est là pour souffler entre deux lourdes nappes de shoegaze. A mi-chemin, « Bent (Roi’s Song) » et ses guitares rêveuses, sa voix brumeuse fait aussi bien l’équilibre entre toutes les intentions brassées par cette longue tracklist. Certes, le disque est trop long et malgré ses orientations différentes on a du mal à distinguer les différences entre certains titres. Est-ce que ça en fait un album boursouflé ?