Rencontrés pour une couverture du magazine Kerrang en 2001 et entourés de Marilyn Manson lors d’une farandole coquine, le grand rouquin et la pile électrique du punk se sont peu croisés depuis. Hibernation pour Iggy Pop plombé entre pubs pour le Bon Coin, albums conceptuels (des reprises de Joe Dassin sur Après, du Houellebecq chanté sur Préliminaires, OK.) et featurings superflus : Post Pop Depression est à la croisée des chemins. Quelques textos envoyés par l’ancien, des compos envoyées par le rouquin et dans la foulée, un groupe prend forme avec des membres choisis par Homme, un désert en tant que décor et l’album s’enregistre sur deux semaines.
L’iguane a la peau dure.
En résulte une très bonne collection de chansons comme l’un des pères du punk n’avait pas pondu depuis longtemps. Des titres ciselés par une production chaleureuse fourmillant de détails et portant joliment le poids des années. Du clin d’œil appuyé et assumé aux deux excellents premiers albums d’Iggy produits et co-écrits par David Bowie au son à l’ancienne déjà proposé par Homme sur Them Crooked Vultures. « German Days » se remémorant l’escapade berlinoise des années 70 en est un exemple parmi tant d’autres.
« Sunday« , un hymne chaloupé pour le jour préféré des glandeurs se tire dès la première écoute les faveurs de la tracklist. Batterie galopante, guitare rythmique des plus dansantes, break chantée par des choristes et par les aiguës du grand rouquin, elle repart encore plus fort sur ses derniers couplets pour être à la fois sexy, groovy et majestueuse sur la fin. Un titre à tiroirs, chiadé. Loin d’avoir été composé sur un coin de table et si bon qu’il nous incite à penser que le groupe aurait du faire un disque avec une chanson par jour de la semaine.
Iguane Of The Stone Age.
Là où cet album réjouit, c’est qu’il fait autant plaisir à écouter qu’il a du en générer à être composé. Pas seulement là pour donner un dernier hommage à une légende, il revisite sa discographie en y apportant une relecture et une patte bienvenue. Une touche que Josh Homme enrobe avec une construction des compositions familière à ceux qui connaissent ce qu’il peut faire. Des paroles au sens de l’humour absurde, des solos de guitares arrivant insidieusement en fin de morceau, les choeurs fluets sur les refrains et un son lourd laissant de la place pour les oreilles attentives voulant écouter ce qui se passe en toile de fond. Toile qui ne manque pas de coffre : violons et cuivres sur « Sunday« , la batterie très sèche et groovy de Matt Helders, les notes de claviers eighties de Dean Fertita notamment sur l’excellente « American Valhalla« … Autant de choses sur lesquelles s’attarder pour encore plus apprécier un album qu’on trouve déjà abouti dès les premières écoutes. En misant sur un album court, les ratés sont rares et seul » Vulture » semble un peu trop limité pour tenir la distance. A l’inverse de la tracklist, allant crescendo dans l’intensité.
Même si on ne connaît pas encore l’issue de la carrière d’Iggy Pop, « Paraguay » sonne comme une lettre d’adieu. Bien décidé à foutre le camp pour l’Amérique du Sud avec son compte en banque, prêt à ne rien foutre à part profiter de la bouffe locale, de la vie sans se soucier de ce qu’il se passe autour. Si sa prophétie se réalise, Post Pop Depression est une belle sortie de route. Le titre du disque fait écho à l’état de manque ressenti par les membres du groupe après l’avoir fréquenté pendant les deux semaines de l’enregistrement. A nous de voir si le phénomène prend de l’ampleur mais à l’écoute du disque, ça pourrait vite se répandre et hélas pour longtemps.