Me voilà pour la cinquième fois à vous parler de ces tarés de King Gizzard and the Lizard Wizard. Étape supplémentaire de leur épopée improbable, ils nous reviennent cette année encore pour Murder of the Universe. Un disque mélangeant à la fois les inspirations de l’époque I’m In Your Mind Fuzz et une ambiance cinématographique où des voix de bandes-annonces de films d’horreurs cheap se seraient insérées. Un bordel invraisemblable qui leur ressemble.
Une tracklist bardé de transitions et d’interludes, de morceaux qui se mêlent les uns avec les autres quitte à s’étaler sur 7 pistes ! Toujours plus loin dans l’exercice périlleux de faire dans le neuf tout en gardant leur patte, les King Gizzard pètent encore les barrières du rock psyché. Ils sont les seuls à se mettre dans de telles galères et s’il faut admettre que même les fans décrocheront, l’effort est admirable et incroyable.
Un peu de lourdeur dans un monde de brutes.
Le disque comportent les minutes les plus violentes de leur discographie. Parfois à la frontière de la fatigue pour l’auditeur comme sur « Altered Beast ». La répétition est de mise, les paroles reviennent ad vitam eternam, ça s’autocite sur la batterie de « The Balrog » en reprenant des passages de leurs anciens titres, ça trace aussi vite que sur Nonagon Infinity par moments et on demande parfois à souffler devant tant d’activité. En pariant sur la transe à l’extrême, Stu et ses troubadours vont clairement dans un « ca passe ou ca casse les couilles. »
Complètement what the fuck avec notamment la sectaire « The Floating Fire » mais surtout un dernier tiers de disque quasiment sans chant et porté par un narrateur, cet album est malade. Sans tourner en rond, on y retrouve les limites de l’exercice de style que pouvait avoir Quarters. Quasiment impossible d’écouter Murder of the Universe sans zapper, difficile de se le mettre sans avoir envie de passer un autre de leur disque : si on voit la logique du délire, on a du mal à adhérer dans la continuité. Comme l’impression d’écouter la bande son d’un film sans l’avoir vu. A l’image d’un Omar Rodriguez-Lopez, les King Gizzard ne sont jamais à l’abri d’une idée too much et on reste curieux face au futur mellow jazz qu’ils sont censés offrir avec le leader de Mild High Club car il semblerait que la troupe arrive au bout de ce qu’ils peuvent offrir en termes de musique agitée. L’album du plus : rapide, fou, cinématographique, conceptuel. Avec trois albums en un an, le rythme est soutenu et de qualité. Pourtant, il semblerait que ce sont les auditeurs qui vont lâcher la rampe avec le groupe lui-même.