Au quatrième disque, Le Butcherettes change de mue et dévoile des qualités insoupçonnées. Fort d’une nouvelle formation avec l’intégration de frères d’Omar Rodriguez-Lopez à la basse et à la guitare, Teri Gender Bender s’est aussi adjoint les services de Jerry Harrison à la production. Pour la première fois sans Omar aux manettes, l’intéressée précise que l’ex Talking Heads a amené de la structure dans la composition avec notamment l’ajout de ponts ou des propositions d’accords et de notes. Basé sur une histoire familiale complexe, bi/MENTAL revient sur la bipolarité de la mère de la chanteuse. Après cette longue mise en jambes, qu’en dire ?
Carré.
Dès l’introductive « spider/WAVES« , nous sommes en présence d’un titre très accrocheur. Une basse menaçante, un refrain crescendo et une capacité à tenir la longueur sans verser dans l’hystérie dans laquelle l’interprétation de Teresa Suarez pouvait souvent déborder, soutenue par des notes de claviers stridentes. « nothing/BUT TROUBLE » est à ranger aussi dans cette catégorie qui vous entête très vite. Aucun membre ne se tire la couverture dans ces réussites, là où parfois seule l’interprète ressortait dans le chaos musical.
« strong/ENOUGH » est assez proche d’une version musclée de ce que pouvait produire Bosnian Rainbows ou Sold Less Than Gold sur le disque précédent. Un album de Le Butcherettes n’est pas sans featurings et si les noms sont moins ronflants qu’Iggy Pop, Henry Rollins et Shirley Manson, il faut souligner les ajouts. Alice Bag rend parfaitement les coups sur la tarée « mother/HOLD » et La Ferte vole le show sur la/SANDIA, excellente ballade à la voix cristalline. « in/THE END » est d’ailleurs du même tonneau.
C’est au long de sa tracklist, titre après titre que bi/MENTAL se délivre à nous et se présente comme un candidat sérieux aux coups de cœurs de l’année avec absolument rien à jeter. Avec une production équilibrée et clean où chaque instru a sa place, une section rythmique carrée et groovy et une Teri Gender Bender juste et jamais dans l’excès. Comme elle a pu nous le dire, on ressent son envie de bien faire, de soigner la musique plus que l’attitude avec le temps et le résultat est probant. Rares sont les groupes punks à bien vieillir et il semblerait que celui-ci soit en bonne voie. En plus de garantir l’effort le plus solide et structurée du groupe à date, ce quatrième disque remet en perspective A Raw Youth que j’avais jugé trop soft à l’époque. Drôle de constat mais il semblerait que cet album gagne à tous les coups. C’est au quatrième disque que Le Butcherettes a décidé d’acérer sa musique pour sonner pour la première fois comme un véritable groupe et non plus uniquement comme la vision d’une leader exubérante. Le tout sans perdre en force et pertinence.
Visible le 3 avril au Point Éphémère, ils seront aussi en festival cet été et une date française est prévue mais pas encore annoncée. Une expérience à voir au vu du charisme infernal de la dame. On vous invite à lire notre interview très récente de Teri ici.