Quatrième disque en 10 ans de carrière pour les Local Natives. De sensation indé à groupe pop bien installée mais pas au point d’être en tête des festivals, ils claquent leurs harmonies chiadées une nouvelle fois pour le chaleureux Violet Street.
Crystal Clear.
Une introduction comme « Vogue » n’est pas là pour passer inaperçue. Portée par un solo de violon de Sarah Neufeld des Arcade Fire, c’est le morceau le plus épuré de la bande. S’ensuivent des tubes comme « When Am I Gonna Lose You« , possible synchro dans des pubs de tout genre grâce à son refrain immédiat. Dans son iconique chant à deux voies, Kelcey Ayer et Taylor Rice n’ont jamais semblé chanter si haut et si fluet et c’est via ce single que l’on espère qu’ils n’iront pas plus loin dans la quête du titre générateur de dollars. « Café Amarillo » est là pour remettre les idées en place avec une ambiance gospel des plus agréables et se pose direct comme l’un des meilleurs morceaux du groupe.
« Some things are so simple », nous disent-ils et il est vrai qu’à entendre ce son au cordeau avec sa production de velours, on se demande pourquoi on irait chercher plus compliqué. A la fois dynamique et clairement centré sur les sentiments et les relations amoureuses, Violet Street respire la tendresse et réussit à rester fun et divertissant tout du long sans verser trop dans le mielleux. Ce qui était l’un des écueils que l’on pouvait adresser au disque précédent.
Chaque titre amène son lot de son doux à l’oreille, amenant sa petite pierre à l’édifice sans jamais trop répéter la voisine de tracklist. Même l’interlude « Munich II » s’attire nos faveurs ! Au milieu, « Shy » s’emballe avec des percussions plus typiques du groupe et marque dès la première écoute. Couvé pendant un an et nourri par de nombreuses collaborations en backing sur les voix mais également par des switchs intempestifs entre les membres du groupe, le disque se voit doté d’une sérénité palpable, une sorte de feel good music qui sied aussi bien à une promenade ensoleillée qu’à regarder la pluie tomber. Avec sa production chiadée, Shawn Everett est crédité officieusement par les Local Natives comme le sixième membre du groupe. On sent son empreinte tout du long sans jamais dénaturer ce qui fait l’essence du son des cinq autres. Une alliance sacrément ingénieuse qui avait démarré par une rencontre à la fin de Sunlit Youth et qui laisse à imaginer ce que le disque aurait pu donner sous sa coupe. Une osmose soignée ne lavant jamais plus blanc que nécessaire, laissant sa place aux aspérités.
Dans un statut rare de groupe indé pouvant prendre le temps de composer, de voyager, de soigner sa promo avec des opérations spéciales, les Local Natives ne déméritent pas ici et montrent avec talent qu’on peut vivre 10 ans ensemble et toujours tenir la route sans rabâcher. Une prouesse qu’on ne leur soupçonnait pas forcément à leur arrivée. Violet Street est une invitation perpétuelle à la réécoute et cela fait longtemps que l’on n’avait pas caresser nos oreilles de cette manière.