Les Mini Mansions, c’est le groupe du bassiste des Queens of the Stone Age, Michael Schuman, et ses deux potes Tyler Parkford et Zachary Dawes. Après un premier disque à la pop mélancolique et chiadée, The Great Pretenders avait ouvert brillamment aux featurings rutilants avec la présence de Brian Wilson et Alex Turner. La production était plus lourde et la saturation tarée sur l’énorme binôme « Mirror Mountain » / « Honey I’m Home » montraient encore le goût pour les compositions alambiquées. Pendant que Mikey Shoes tournait le monde via Villains et les Queens, ses compères se sont retrouvés impliqués sur la suite des Last Shadow Puppets et sur la tournée des Arctic Monkeys. Un agenda chargé qui ne les a pas empêché de pondre Guy Walks Into A Bar…
Un mélange entre modernité et tradition ?
C’est l’histoire d’un mec qui rencontre une meuf, la fiance et termine par rompre. Ce troisième disque raconte le parcours d’une relation, celle de son membre le plus connu avec celle qu’il pensait être sa future femme. Les titres évoquent donc dans l’ordre la rencontre, les premières danses, l’amour et l’inévitable rupture. Pour être plus libre de ses mouvements, il a aussi enrôlé le sémillant Jon Theodore à la batterie en studio comme en tournée. Est-ce que pour autant les percussions se transforment en solo de fûts ? Pas vraiment mais le groove du bonhomme permet d’éviter les gimmicks parfois répétitifs que le trio était obligé d’intégrer. Le kick de la caisse claire est bien en avant dans le mix mais les synthés prennent une place dominante dans la compo lorsque tous les instruments se mettent en branle comme on l’entend sur « Bad Things (That Make You Feel Good)« . Désireux de ne pas être dépressif, les Mini Mansions ont eu l’envie d’un disque enjoué, dansant et c’est peu dire que le disque est up tempo. Derrière le micro, Michael peut s’appliquer plus et on ressent qu’il a été moteur du disque autant de son propos que dans le songwriting et l’interprétation où l’alternance en lead avec Tyler se fait moins.
Plus proche des Sparks ou de Franz Ferdinand parfois, les MM ne font pas semblant dans le vernis eighties comme « Forgot My Name » que l’on aurait bien entendu dans GTA Vice City, une chanson facile pour le dodelinement de la tête mais assez usante. Déjà reconnu pour leur sens de l’humour débile et leurs jeux de mots imagés, le groupe force parfois un peu le trait et en ressort un titre manquant de respiration. Du même tonneau mais plus réussie, « I’m in Love » est le premier titre enregistré pour ce disque et grâce à son refrain réussit à emballer le disque complet dans son sillage. En opposition, on retrouve assez peu les passages saturés et saturants dont le groupe pouvait faire preuve pour nous surprendre. Tout comme son aîné, GWIAB se bonifie dans sa deuxième moitié : il recycle intelligemment l’excellente Works Every Time de leur EP du même nom, « Living In The Future » balance les meilleures vibes à la Supertramp depuis 1979 et sa construction par couches fonctionne parfaitement.
En vient « Hey Lover« , duo avec Alisson Mosshart dont on a l’impression de l’avoir déjà entendu en fin de tracklist des 4 derniers albums des Kills. Cependant, les refrains parviennent à atteindre l’osmose attendue, là où les couplets peinent à passionner sur les 5 minutes 45 du morceau. A l’arrivée, les Mini Mansions ne se sont pas transformés et conservent cette patte assez unique dans le paysage musicale. Comme nous l’avions dit dans la chronique de Tranquility Base Hotel Casino, pas étonnant qu’Alex Turner soit venu taper à la porte dans sa quête d’un son plus ralenti et mélodieux. Pas loin du split à l’aube de leurs 10 ans d’existence, le groupe trouve une manière de polir leur son sans perdre leur sel et ont réussit à pondre l’album dynamique et dansant qu’ils souhaitaient. Sa rapidité dans l’exécution ne se ressent pas dans la production, florissante et léchée accompagné par un mix parfaitement équilibré. On doute de la longévité des titres comparé aux disques précédents, moins immédiats mais récompensant les nombreuses écoutes.