Dans un monde où une sombre croûte comme Bohemian Rapsody peut atteindre la cérémonie des Oscars et même y glaner des prix, The Dirt débarque sur Netflix après 12 ans de development hell. Avec toujours le vaillant Jeff Tremaine aux commandes, un casting assez ressemblant et une promo matraquée via son distributeur, l’adaptation de l’une des meilleures bio rock de l’histoire semblait être sur de bons rails. Sans mauvais jeux de mots.
« La crasse » ? MDR
The Dirt n’est ni plus ni moins qu’un best-of du bouquin en ne gardant que les moments glorieux. Hormis l’accident de voiture de Vince Neil coûtant la vie du batteur d’Hanoi Rocks, le décès de sa fille d’un cancer et l’overdose quasi mortelle de Nikki Sixx, tout n’est que gaudriole, vague embrouille et réconciliation sous fond de concert triomphant et de nichons refaits. La facture visuelle du film est loin d’être désagréable mais si le tout semble assez factice, tout comme Bohemian Rapsody, tout semble un peu trop propret : ce qui est encore plus problématique lorsqu’on parle de Mötley Crüe. On ne croit pas une seconde aux mauvais playbacks des acteurs sur les prestations lives mais le rendu des scènes rendent quand même suffisamment les coups pour donner envie de réécouter les morceaux du groupe et se prendre au jeu. Garni de scènes de culs joyeusement dégueulasses, d’une apparition éclair d’Ozzy, Slash ou Van Halen, le film arrive à seulement évoquer en pointillés la carrière du groupe et on résume difficilement 430 pages en 1h40. En 40 minutes, nos héros deviennent des stars américaines, 10 minutes plus tard des rockstars mondiales, enchaînent les couilles pendant un quart d’heure et se réconcilient en 3 secondes.
Sans être une catastrophe industrielle et bénéficiant de la comparaison flatteuse avec le biopic sur Queen, The Dirt démarre aussi bien qu’il s’effondre une fois passé la première demie-heure. Les personnages sont sympathiques, un peu débiles et n’ont pas grand chose à dire. Ca tombe mal, le film non plus. Pire, là où le bouquin n’effaçait pas les faces sombres de ses protagonistes, on passe ici un gros coup de polish. On se fout grandement que le chanteur ait tué quelqu’un et handicapé à vie deux autres, que le groupe a connu une sévère traversée du désert, des affres Tommy Lee / Pamela, histoire de tout rentrer dans ce format très restreint et de ne pas remuer trop la merde dans une époque MeToo pas forcément propice à ce genre de galères.
A l’arrivée, ce qui doit être un témoignage assez définitif sur une décennie particulière du rock US et sur une époque totalement révolue sonne creux et relativement inutile au vu du nombre d’années passées et du traitement. Le film The Dirt existait dans nos têtes à la lecture du bouquin et il était nettement, nettement plus cool.