Protomartyr est un de mes groupes préférés ces 5 dernières années. The Agent Intellect avait tout éclaté lors de sa sortie et leur signature chez Domino pour Relative In Descent prouve l’évolution apportée par ce coup de maître. Avec la vérité comme thème central, est-ce que ce troisième disque va définitivement les installer ?
Plutôt martial.
La réussite de ce disque est « The Chuckler« , indéniablement une des chansons les plus sombres et belles qu’ils aient produites à ce jour. Des violons et un souffle épique qui laisse l’impression que le morceau dure bien plus que ces 3 minutes 43 de frissons. Directement dans ce qu’il y a de meilleur et de plus réussi sorti cette année. Si seulement l’album entier avait été écrit avec cette trempe… « Windsor Hum » se chauffe d’un bois que l’on connaît avec ses guitares lancinantes, sa batterie pétaradante et une voix dans la complainte sans jamais lasser. « My Children » monte en puissance pendant 1.30 avant de prendre son rythme de croisière. « Here Is The Thing » et sa section rythmique, sa grosse basse, son ambiance de cowboy et son chant de mec un peu bourré. On n’est pas sur du surf-rock mais il y a toujours de la place pour des titres plus légers comme « Caitriona » ou « Don’t Go To Anacita ». Moins fan des simplistes « Male Plague » et « Night-Blooming Cereus« , malgré leurs qualités évidentes : immédiateté, gros riffs et compos abouties.
Tension et attention.
La claque ressentie lors de l’écoute de The Agent Intellect a du mal à se répéter ici. La faute à un album lourd, dense, dramatique sans être théâtral mais qui ne perd pas de temps. Les titres filent droit dans l’ensemble et il faudra tendre l’oreille dans cette production fourmillante pour y découvrir les arrangements subtils et les détails qui nous retiendront dans la longueur. En passant par la case label et confirmation, Protomartyr nous sort un disque 100% fidèle à leur son et il faudra plus d’une session avant de révéler les secrets de RiD. A 40 ans, Joe Casey incarne toujours avec sa voix rocailleuse le groupe plus que tout autre membre. Qu’il murmure, gueule, répète ou parle, il passe à travers toutes les couches d’instruments pour s’imposer et bien souvent imprimer le rythme aux morceaux. Composé autour du thème de la vérité dans un climat où les fake news ont réussi à élire le président des Etats-Unis, RiD n’est pas un album politisé mais porte toujours quelque chose sur les épaules. Tant qu’il embarque avec lui cette qualité de compositions, il peut bien se le permettre.