5 ans après l’album sans John Frusciante, les RHCP reviennent avec leur onzième disque avec The Getaway pour une production signée Danger Mouse et Nigel Godrich. What ? Bye-bye Rick Rubin ? De la funk, un son clean pour un groupe tellement mainstream que l’enchaînement d’albums plus ou moins oubliés ne limite pas le succès tant que deux ou trois singles se dégagent de la tracklist. 15 ans depuis que je n’ai pas été en contact avec un album des Red Hot. Californication était l’un disques universels de mes années lycée, les clips de By The Way ne m’avait pas incité à écouter la suite : chose que j’ai rectifié depuis pour cette chronique.
Anthony Kiedis est toujours le seul mec n’étant pas dans un groupe de rock chrétien te calant un « Alléluia » dans les paroles de « We Turn Red ». Le tout en replaçant la Californie tous les 2 refrains. Flea a du ré-apprendre la basse après un accident de snowboard mais ça ne s’entend pas : son jeu est intact. Josh Klinghoffer à la guitare se débrouille mieux dans son costume de remplaçant. Sans compter que le jeunot doit se farcir les backs en studio et sur scène. Chad Smith, ou Will Ferrell, est toujours à l’aise même si la tendance à l’accalmie apportée par The Getaway le placerait presque au chômage technique.
Une bonne première impression.
« Dark Necessities » est une belle réussite, à part ce pont immonde à base de piano que n’aurait pas renié The Fray. Ce single est assez emblématique de The Getaway avec un titre construit en deux temps avec une première partie catchy, un decrescendo mielleux à l’issue du premier refrain, l’intégration d’un pont parfois foireux et un nouveau coup d’accélérateur sur la fin. Un résumé pouvant paraître cinglant mais en toute honnêteté, j’ai été surpris en bien par ce titre et les écoutes répétées ne jouent pas en sa défaveur. Les bons moments de cet album se trouvent également dans la disco « Go Robot » où Kiedis nous confie qu’il va le faire avec des robots ou « Detroit » où il s’amuse à name-dropper Iggy Pop. Quelque soient les conneries qui passent par la tête de leur frontman, ses musiciens lui sont voués et ces 3 titres sont de loin ce qu’il y a de plus réjouissant sur ce disque. Avec « Goodbye Angels », aussi appelé l’exemple du bon titre des Red Hot.
Les Red Hot jouent dans la cour des stades et sont accompagnés par une série de groupes pouvant sortir n’importe quoi avant d’aller remplir toutes les salles du monde. En les comparant avec U2, Coldplay, Muse, les Foo Fighters et d’autres monstres de leur catégorie, on ne leur reprochera pas d’essayer de changer leur son. Et tout ça ne s’est pas fait sans accro.
Auto-pilot : OFF.
La seconde partie de l’album passe en sourdine et peine à nous garder éveillés. Danger Mouse est producteur est aussi co-compositeur de 5 morceaux, dont « Feasting on the Flowers ». Si l’on ne s’attendait pas à ce genre de titres de la part des RHCP, il n’y a pas de quoi crier victoire non plus avec ce qui ressemble de près à un ersatz de Marroon 5. « Sick Love » est aussi une belle saloperie sirupeuse interminable qui devrait inonder les radios dans les semaines à venir. Si vous n’en avez pas eu assez, « Encore » est exactement du même tonneau.
Bien sûr, si tu n’as jamais été fan du rap et des baragouinages d’Anthony Kiedis, The Geataway ne changera pas totalement la donne. Ses paroles, tout comme ses gimmicks vocaux, sont autant de raisons pour aimer et détester le son du groupe et il nous rappelle très souvent avec une faute de goût ce pourquoi ils sont aussi reconnaissables. La bordélique « This Ticonderoga » avec ses changements de rythme intempestifs et son chant haché devrait faire perdre pas mal de cheveux à leurs détracteurs.
A l’heure des comptes, il y a au moins un tiers de cet album dont on se serait bien passé. Mais est-ce qu’il est mauvais pour autant ? Pas vraiment, les Red Hot Chili Peppers sont toujours une sorte d’aune au mauvais goût qu’on écoute en cachette pour sa street cred si jamais on veut se la péter. En réalité, The Getaway n’est pas tant meilleur que les 3 précédents mais il est de bon ton de dire qu’ils se sont améliorés car ils ont essayé de changer. On peut par contre affirmer qu’on a moins l’impression d’avoir un tunnel d’une heure de musique similaire. Le groupe a su également être plus court et éviter de traîner en longueur comme sur I’m With You. Ce n’est pas un hasard si on termine par « Dreams of A Samurai », où Kiedis arrive à la fermer pendant plus d’une minute, la batterie se fait plus jazzy, les arrangements plus épiques avec des choeurs qui finissent par gueuler à l’unisson. Pas non plus de quoi sauter au plafond mais assez pour nous dire que les Red Hot peuvent faire autre chose qu’enclencher le pilote automatique.
Et ça permet aussi de faire de la promo assez drôle comme tu peux le voir en-dessous :