20 ans de carrière, 5 albums, 9 membres, un décès, 2 départs des membres historiques et pourtant, Slipknot déboule avec We Are Not Your Kind. Porté par des critiques élogieuses et par un Corey Taylor en furie suite à un divorce douloureux, ce disque regorge de surprises et mérite toute notre attention.
Les masqués n’ont jamais fait dans le compact, leurs albums sont longs et se retrouvent agrémentés de titres bonus lors de rééditions. Shawn Crahan, clown et grand manitou de la bande, a annoncé avoir jeté 18 titres complets avant de sélectionner les 14 de la tracklist. Parmi elles, 3 interludes composant une nouvelle entrée dans leur univers sonore. Loin des « (515) » ou de « 742617000027« , aucun cri à l’horizon mais des nappes sonores évoquant John Carpenter et participant lourdement à l’atmosphère très réussie de l’ensemble. Gardées dans un coin par le clown, ces pauses instrumentales méritent leurs places et amènent une respiration sans être les seules nouveautés apportées.
Un chantier.
You Are Our Kind.
Deux membres éclaboussent de leur force le disque : l’explosif Jay Weinberg à la batterie et l’inénarrable Corey Taylor. Sa versatilité vocale n’est plus à démontrer mais en être témoin une nouvelle fois n’en rend pas l’exploit moins grand. Dans un genre où il est difficile de ne pas sombrer dans le ridicule et de se renouveler en termes de thèmes abordés, il ressort encore comme le roc de ce chaos organisé.
Slipknot a su s’adapter au temps et aux éléments, sans trop perdre en crédibilité, ni en force. Si l’on regarde les vingts dernières années de la scène métal mainstream, ils font partie avec Deftones des rares groupes dont on peut encore avoir envie d’écouter le nouveau disque sans avoir la sensation de regarder un crash de voiture au ralenti. Doté d’une production musclée, claire et rendant complètement justice à la folie de ces compositions et notamment aux percus du Clown, We Are Not Your Kind fait l’effet d’une bombe. A l’image d’un Pale Emperor pour Manson récemment, il éclate par son efficacité, sa recherche, sa variété. On oubliera les quelques longueurs et les pertes de rythmes pour les zapper et se concentrer sur la sévère dose de claques que l’album assène.