3 ans après un Images du Futur envoûtant, Suuns est de retour. Entre temps, un split avec Jerusalem Is My Heart avait pu occuper les plus voraces. Les Montréalais n’ont pas la réputation d’être des fanfarons et leur musique aux relents de krautrock se plaît dans la noirceur et la lancinance. Leur goût pour l’électro, notamment sur « Arena » ayant meublé de nombreux reportages Canal +, avait réussi à les garder à la limite de la crispation. En est-il toujours autant avec Hold/Still ?
Extension du domaine de la lutte.
Prendre les bases du précédent et creuser. Minimaliste, jusqu’au boutiste, Suuns force la transe pour y traîner. Quitte à s’y perdre. Ce qui donne du bon et du volontairement désagréable. L’exemple positif ? « UN-NO ». L’inverse ? « Resistance ». Les points communs sont pourtant nombreux : atmosphère menaçante, notes à contre-temps, paroles répétées et redondantes. Mais là où l’une réussit à charmer et capter, l’autre agace, irrite et appelle à la suivante. Frontière ténue et équilibre chancelant compliqué à expliquer mais ce troisième disque est toujours sur le fil du rasoir.
Hélas, pour le pire. « Brainwash », titre lent à un point exaspérant qui finit par envoyer des percussions que n’aurait pas renié Skrillex, lancer une espèce d’incantation et achever et morceau sans queue, ni tête. « Infinity » et ses 2 minutes vaines achève en queue de poisson l’auditeur en quête de sens et de compréhension. On passerait presque sous silence le demi-virage vers un psyché sur « Nobody Can Save Me Now » tellement l’indus prend le pas.
Plus c’est long, plus c’est lourd.
Le hasard fait bien les choses, le premier extrait de l’album (« Translate ») est aussi le meilleur. « Mortise and Tenon » est aussi épargnée et profite de la même vibe que la cuvée 2013. En reprenant la tracklist, on en sauve 4. Le reste a été bercé trop près du mur et nous use. En live hélas, le résultat est le même avec un chant mange-micro et un faux rythme poussant fortement à la consommation. Ce n’est pas qu’une expression : j’ai bu 2 litres et demis de bières lors de leur dernier passage au Grand Mix le 21 Mai. A ce propos, un certain George Jean Nathan a dit : « Je bois pour rendre les autres intéressants. » Ceci expliquant peut-être cela. Entre posture casse-couilles et vraie proposition musicale exigeante et intéressante, les Suuns semblent pencher du mauvais côté.
Puis merde, quand ton chanteur est le sosie de Max Boublil, t’arrêtes un peu de te la péter !