Avouons-le, nous avons mis du temps à accrocher à The National. Même le carton international de Sleep Well Beast ne nous a pas passionné pour ce groupe possédant aujourd’hui 20 ans de boutique. Un set au Nos Alive l’an passé m’a prouvé la beauté de leurs compositions, le charisme particulier de Matt Berninger et la puissance des titres de leur dernier disque notamment. Nous voilà avec I Am Easy To Find, épaulé entre autres par Sharon Van Etten, Mina Tindle, la chorale Brooklyn Youth, Gail Ann Dorsey et un court-métrage. Rien que ça.
Audio, Video, Megalo ?
A part les extraits, nous avions déjà découverts le disque en live à L’Olympia dans un concert onéreux à 70€ la place assise. Une mouture qui peut paraître ronflante avec 19 personnes sur scène et qui laissait déjà transparaître une certaine lenteur dans un album déjà long de 16 titres.
« Where Is Our Head » a ce petit côté fédérateur-cacophonique de certains Arcade Fire et se permet le luxe d’agiter une galette assez calme dans l’ensemble. Pour autant, le disque ronronne un peu et on a l’impression d’avoir déjà entendu ce que les paroles nous racontent autant dans les termes, le ton sardonique que dans la diction où les chanteuses ont parfois l’articulation de Berninger. I Am Easy To Find raconte une autre histoire : accompagné d’un court-métrage joué par Alicia Vikander et réalisé par Mike Mills. Une véritable collaboration avec le réalisateur puisqu’il a choisi les chansons, coupé dans les compos pour agrémenter son oeuvre quasiment sans paroles. Exemple avec « Not In Kansas » qui s’est retrouvé coupé de moitié après le director’s cut. Comme cette chanson a déjà tendance à traîner en longueur, on le remercie. L’aspect choral du disque prend tout son sens sur des titres comme « Her Father In The Pool« , une instrumentale dont on imagine que la présence a été motivé pour sonoriser une des ambiances du film. Point fréquemment souligné, les voix féminines dans l’univers du groupe. Gail Ann Dorsey, dernière bassiste de David Bowie et aux capacités vocales impressionnantes, se place souvent seule mais aussi en duo avec Berninger. Ceux qui pensaient pouvoir apprécier le groupe en faisant cette fois fi de son chanteur, ils se trompent : sa patte est constamment palpable.
Le travail d’orfèvre à la production est toujours de mise avec des nappes de guitares semblant venir du ciel, 13 violons (!!!), des percussions claires et puissantes et un mix laissant la place à chaque instrument. Pour un huitième disque, The National semble se répéter et auraient sûrement gagné à réduire ces 64 minutes. Les clés d’entrées de cet album très cohérent avec lui-même sont ses singles : « You Had Your Soul With You » pour son chant à deux voix et son dynamisme, son paisible morceau titre au refrain immédiatement ancré ou « Oblivions » et sa montée épique menée par des voix féminines. Hormis sa longueur ou son concept, l’album est très monolithique. On a le sentiment d’entendre une longue chanson se dérouler, à quelques rares exceptions et l’on manque de découvertes et de variétés à la fin du parcours. Et puis, ça manque globalement d’envolées, d’énervements. Ce qui est en fait un bel album certes mais un peu chiant dans l’ensemble.
On vous laisse avec les 26 minutes de court-métrage.