Oh, quel beau pays que l’Australie. Son climat, ses ressources naturelles uniques, son immensité, ses marsupiaux improbables et ses putains de groupes qui nous tombent dessus sans répit. Suite d’excellents The Drones, les Tropical Fuck Storm déboulent avec A Laughing Death In Meatspace pour redéfinir les barrières du blues, du rock choral et de la saturation.
Un supplément d’âme
Habité par un sheitan des plus palpables, Gareth Lidiard est un cousin vocal de Nick Cave dont il partage la voix éraillée et l’interprétation possédée. Un gage de qualité qui ne se limite pas à une simple ressemblance fort heureusement. De l’autre côté du ring, Fiona Kitsching à la basse lui rend dans les backings une folie qui ferait presque penser le duo à un Arcade Fire déglingué par endroits. Pour ce premier album, chaque titre est emballé dans une ambiance intense et les premières minutes de « You Let My Tires Down » ne trompent pas : le voyage risque d’être mémorable. Dans des tirades lorgnant régulièrement au-delà des 5 minutes, TFS a cette faculté à être épique comme peu de groupes peuvent l’envisager. A ne pas retenir les coups, ils finissent le premier titre du disque comme si c’était le dernier.
A partir de là, le reste pourrait être du bonus car cela dessine un avis bien tranché et les allergiques sont déjà dehors. « Antimatters Animals » prend notre mâchoire béante pour mieux la reclaquer d’un uppercut. Non pas en accélérant le rythme mais en désarticulant sa mélodie pour nous donner l’impression d’être en gueule de bois avec notre comparse de beuverie de la veille désœuvrée en pleine complainte. La plus facile à découvrir est de loin « Chameleon Paint« , à la fois très rock et pop dans la construction de ses refrains. Plusieurs surprises et intrigantes chansons viennent au fil de la tracklist comme la groovy « The Future of The History« , la démolie « Soft Power » ou l’excellente « Two Afternoons » . Élancée par une basse remarquée, elle ressort encore par un chant à deux voix impeccable, une batterie pétaradante et des envolées qui finissent d’emmener ce titre à tiroirs dans les sommets du disque. Tant qu’on y est, on vous laisse découvrir le titre éponyme immanquable dès la première écoute. Variée, jamais lassant, ni usant : tout l’album mérite votre attention.
Dans la même veine à la fois dramatique et furieuse que des Protomartyr, TFS déploie rapidement son empreinte chez l’auditeur et chaque écoute fait son travail de sape où l’on apprécie les ingrédients de cette mixture tortueuse. On ne sait pas si ils sont là pour durer mais on sait déjà que la moindre seconde en leur compagnie ne sera pas vaine.