14 ans se sont donc écoulés depuis le dernier album du collectif musical The Sound Of Animals Fighting. Certain(e)s n’en auront même jamais entendu parlé, et on ne les blâmera pas. Le collectif réunit donc de nombreux musiciens, dont ceux de RX Bandits, groupe formé en 95 et ayant délaissé le ska punk (ouf, je déteste les hippies mal lavés) pour du rock progressif aux côtés de l’hyperactif Anthony Green (Circa Survive, Saosin ou encore LS Dunes), tous initialement réunis sous des masques d’animaux (the Hyena, the Nightingale, the Walrus, the Lynx and the Skunk). Alors on ne s’étonne pas du titre à la fois animalier et annonciateur d’un mode foufou, « Apeshit », de ce nouvel EP sorti de nulle part !
The Sound Of Animals Fighting est un bon reflet de la scène rock prog du début des années 2000. Le premier EP sorti en 2005, « Tiger And Duke » comportait déjà nombre d’éléments sonores caractéristiques de l’époque. At The Drive-In a explosé, la scène US regorge alors de malades tripotant le manche de guitares tels des épileptiques (The Fall Of Troy par exemple), TSOAF se retrouve alors dans cette mouvance progressive avec des guitares souvent malmenées et dont on imagine les manches en feu et des compositions partant dans tous les sens et nécessitant une certaine accoutumance à l’oreille pour en saisir toutes les subtilités.
On retrouve donc de cette folie caractéristique sur l’EP « Apeshit » comme sur son titre éponyme. Furieux, celui-ci s’ouvre sur une partie instrumentale sans concession avant d’enchainer sur la voix plus posée d’Anthony Green, devenu un atout vocal et marketing de premier plan. Le frontman se permettant désormais d’enchainer voix claire et grosses gueulantes sur des ponts ultra nerveux et on retrouve alors ce qui fait vraiment la sonorité du groupe ! À savoir, ce melting pot sonore, reflet de toutes ces expérimentations qui ont fait, jusqu’à maintenant l’identité des albums du collectif. Rien n’est ligne droite, tout est sinueux, fou, habité, à la limite de la transe…
Les structures se veulent donc à géométrie variable, tantôt nerveuses, tantôt progressives, tantôt électro comme le titre suivant « Wolf » sur lequel Rich Balling pose désormais sa voix. Titre que l’on pourrait quasi confondre avec une Face-B issue de Phantogram si elle était chantée par son frontman Josh Carter. Heureusement, on n’hésite pas à ressortir Anthony Green de la manche pour « Sharon Tate, Despite Everything » qui claque bien comme il faut et toujours une progression musicale menant à des passages post-hardcore que le frontman se délecte à vociférer.
Malgré ces 4 titres, l’EP se divise donc entre titres électro (presque classique, j’avoue) « Wolf » ou encore la très très expérimentale « Duche Das » à la limite de l’ambiant mêlant anglais, espagnol et sonorités triturées et les titres plus rock prog/post-hardcore (« Apeshit », « Sharon Tate »). Oui, c’est donc ça aussi TSOAF, des albums, des titres complètement barrés, expérimentaux qui sont l’identité musicale même du groupe. Et pourtant, il y a toujours un passage, un riff, un arrangement qui finit par attirer l’oreille. Et je vous dis cela alors que ces titres, plus expérimentaux, me rebutaient initialement.