Pistes ou morceaux ?
Jagwar Ma avait séduit en faisant élégamment le pont entre le psyché, le rock et la scène anglaise des 90’s. Leur second album est présenté comme une manière de s’orienter vers des pistes, plus que des morceaux courts comme Howlin pouvait en comporter. Est-ce que le trio est armé pour une tournée mondiale avec ce nouveau disque ?
Lors d’une interview réalisé en septembre, Gabriel Winterfield insistait sur le fait que les morceaux de ce second album ressemblent plus à des pistes. Une notion assez difficile à saisir dit comme ça mais prenant sens rapidement à l’écoute. S’ils jouent les surpris lorsqu’on leur évoque, Jagwar Ma a étiré ses compos cette fois. Dépassant plusieurs fois les 4 minutes, le sentiment d’écouter un DJ set ou des versions remixées persiste. Finis les titres immédiats vus sur Howlin, le trio a poussé le curseur pour un tout plus homogène et dansant que son prédécesseur. Est-ce que c’est révélateur de la présence du producteur Andrew Weatherhall (pionnier de la house 90’s british) ou des changements apportés au son et aux morceaux du groupe au cours de leurs années de tournée ? La réponse se trouve entre les deux.
Trop d’électro ?
Si l’électro est clairement mis en avant, Jagwar Ma garde cette touche Madchester proche d’un Primal Scream, New Order ou des Stone Roses. Au jeu des influences, on pourra aussi retrouver sur « Colours of Paradise » et « High Rotations » du Animal Collective période Merriweather Post Pavillion ou du Hot Chip sur les synthés de « Give Me A Reason ». Pour ajouter une touche « humaine » à leur musique, ils ont fait appel à leur pote Stella Mozgawa pour la batterie. Sa régularité et son groove ne sont plus à prouver au vu de son travail chez Warpaint mais l’ensemble est tellement synthétique qu’on ne peut pas le revendiquer sans avoir été au courant de l’info au préalable.
Every Now and Then est un album plaisant. Tu l’écoutes, tu passes un bon moment mais tu l’oublies assez rapidement. Certains flottements sont trop prononcés et donnent envie de zapper de quelques minutes pour retrouver le moment où la sauce est proprement envoyée. Les climax de l’album sont nombreux, mais dilués dans un disque trop long. A l’image de son intro inutile ou de l’interlude ambiante « Don’t Make It Right ». D’autres titres comme « Ordinary » ou « Batter Up » jouent les utilités et peinent à surprendre. On finit par préférer des moments de chansons, aux titres dans leur totalité. Hélas.