Ah les Black Lips ! Jamais avares d’efforts et toujours sur les routes ou presque, et enfin de retour à Paris après leur dernière date à la Cigale en 2014. Cette fois, c’est au café de la danse que le groupe posait ses amplis. Arrivés trop tard pour voir les membres de Dame Blanche débuter la soirée, on ira donc cette fois directement au principal. Salle complète depuis des semaines, les gars d’Atlanta sont désormais connus et reconnus en France, eux qui ont vraiment franchi un cap en 2011 avec un Arabia Mountain surproduit (pour un album garage) mais bourré de tubes en puissance. Et si Underneath The Rainbow (2014), continuait logiquement dans cette même voie. cette soirée du 24 Mai 2016 s’annonçait donc à priori torride.
Premiers morceaux et premières claques. Enfin plutôt caresses… Les pourtant entraînants et fous « Sea of Blasphemy », « Family Tree » et « Modern Art » ouvrent le bal au ralenti, avec un son d’une mollesse sans nom. Sans folie, presque hésitant, on commence à se dire qu’on ne part pas sur des bases solides. On est bien loin du concert au Nouveau Casino en Mai 2014, qui justement, avait su d’emblée nous mettre en transe dès les premiers accords de « Family Tree ».
Comme dit plus haut, le groupe depuis 2011, s’il continue d’écrire de bonnes chansons, semble de plus en plus chercher le tube. On ne peut les blâmer tant certains sont repris en hymne lors des concerts et fonctionnent à merveille. Cependant, on a ce soir, à l’entame de la soirée, l’impression d’avoir un groupe finalement assez suffisant, faisant le boulot, tranquillement, sans ce petit supplément de folie qui est leur et qu’on est en droit d’attendre quand on connait la réputation du groupe. Toujours en 2014, mais à Bordeaux cette fois, un Cole tenant à peine debout (il aura enquillé vin rouge, whisky et bière durant le set), mais assurant ses parties guitares et voix, s’amusait avec une machine élévatrice présente sur scène, tandis qu’une saxophoniste était présente sur « Family Tree » et « Boys in the Wood ». Des petits trucs en apparence stupides, mais qui rendent le concert vivant.
Côté musique les classiques des Black Lips sont tout de même de sortie et c’est finalement « Oh Katrina » qui nous fera enfin hocher de la tête. Il était temps. « Dirty Hand » et « Hippie Hippie Hoorah » (reprise de Dutronc) et son désormais culte en fosse « Ils ont des chapeaux ronds, vive les bretons ». Des rouleaux de PQ volent à travers la salle, et les chansons défilent tranquillement (trop). Heureusement, « Raw Meat » nous refile un peu la pêche. Bonne surprise également, l’excellent « Stranger », tiré de leur second album, nous redonne lui, le sourire.
Les lumières se rallument après 55 minutes dont on ne sait finalement trop quoi penser, et un envahissement de la scène, aussi mémorable et massif que désormais classique sur « Bad Kids », avant de s’éteindre de nouveau quelques minutes après pour deux derniers morceaux. Le premier non identifié, et la reprise de leur side project The Almighty Defenders (dans lequel ils jouent avec King Khan and BBQ show), « Bow Down And Die ». Peut-être un des tout meilleurs morceaux du soir, un peu tard.
Une soirée donc qui, même si ça fait toujours plaisir de voir les Black Lips jouer, laisse, avec quelques jours de recul, un goût légèrement amer, cause à un sentiment bizarre de suffisance de la part du groupe, qui nous a clairement habité à mieux, plus fou, et plus intense. Fatigue? Sono de la salle à 5/11? Réelle suffisance sur scène? On aurait aimer embrasser à pleine bouche des lèvres noires vénéneuses et brûlantes comme à l’habitude, mais une semi-déception l’emporte finalement. On ira quand même (probablement) les voir la prochaine fois pour confirmer qu’il ne s’agit que d’une erreur de parcours.