En ce mercredi 8 juin, le duo Australien Civil Civic posait ses valises et ses grosses couilles à la Malterie de Lille. Retour sur cette communion bouillante et suintante du meilleur duo de rock sans batterie du monde.
Sijosaï, rock atmosphérique pour cave bas de plafond
En première partie, c’était le groupe local Sijosaï qui était venu distiller son rock instrumental avec VJ à l’appui. Le public déjà présent en nombre est assis face au groupe, pour découvrir les nappes electro-post-rock et surtout les vidéos mixées projetées dans le fond de la salle. Même si les deux éléments vont plutôt bien ensemble, aucun n’arrive à convaincre à 100% : leur rock « atmosphérique » ne parvient – paradoxalement – jamais à prendre de la hauteur, tire un peu trop sur la longueur avec peu de vraies bonnes idées, un peu comme on étalerait le fond de pot de Nutella sur une tartine ; pendant que le VJ envoie des vidéos toutes belles mais loin d’être captivantes.
A la fin d’un set assez monotone mais relativement maîtrisé, le groupe nous prend par les sentiments avec son petit discours de remerciements très modeste mais sympathique. Il faut reconnaître que pour un petit groupe, ça fait largement l’affaire, les reprises miteuses du 21 juin se chargeront rapidement de nous faire relativiser.
On prend le temps de découvrir la sympathique salle de La Malterie, qui a la particularité d’être tellement basse que le groupe joue au même niveau que le public. Et qui, pour parfaire cette ambiance de cave de répèt’, est munie d’un vieux canapé en cuir du plus bel effet. Très agréable atmosphère, propice à la déflagration qui va suivre.
Civil Civic : guerre civile au service civique
Déflagration, donc. Civil Civic débarque sur scène, avec une basse, une guitare, et une espèce de tour de contrôle composée d’un double clavier faisant aussi office de boîte à rythme. En guise d’entame, les deux gus nous ménagent un petit peu avec une intro calme et progressive, qui semble être « Mayfield », de leur premier album « Rules ». Le reste du concert n’aura aucun autre temps mort, quelques morceaux mid-tempo comme « Lights on a Leash » et/ou « Sky Delay » (impossible de me souvenir) mis à part.
Quand résonnent les premières notes de « Street Trap« , mon caleçon ne fait qu’un tour. La basse et la boîte à rythme tabassent, mais hélas la guitare et du coup la mélodie passent un peu…à la trappe. Pas le temps de s’apitoyer, puisque tout le concert sera rempli de grosses joutes sonores qui, sans toujours convaincre à 100%, décrassent les cages à miel. « Run Overdrive », « Less Unless » (l’un de leurs tout meilleurs morceaux), la petite nouvelle « The Hunt », le rythme limite drum’n’bass de « It’s Krill »… Que de grosses baffes dans nos gueules suintant la sueur.
Car il faut le dire, la Malterie est une véritable cuve. Les gens dansent, sautent, crient, tournent sur eux-même, suivant les ondulations du bassiste. Bassiste qui, soit dit en passant, enterre toute concurrence dans la catégorie tripotteur de manche à 4 cordes funky. Le gars tient d’ailleurs à nous parler en français, lâchant un « wesh papa » hilarant entre deux chansons.
On oubliera vite les claviers 80s qui font parfois tâche, certains titres pas forcément inoubliables, ou ressemblant étonnamment à d’autres (je me suis plusieurs fois demandé s’ils n’avaient pas déjà joué la chanson qu’ils venaient de commencer), et puis l’odieuse impasse sur l’un des points culminants de leur album « Rules » : « Grey Nurse ».
Mais de manière générale, ce fut une bonne grosse baffe bien dense et coulante que nous on servi les dingos de Civil Civic. Cinq ans que j’attendais de me retrouver nez à nez avec le groupe : l’attente en valait la chandelle.
Merci à Party Program pour cette superbe soirée + l’invit’ et à la Malterie pour son accueil !