Filter à Courtrai. Pour suivre la carrière musicale faite d’inspiration et de choses plus moyennes, savoir que Richard Patrick allait enfin venir à la frontière belge, c’était quelque part réaliser un petit rêve d’ado. Écoutant le groupe depuis 1997, je n’avais jamais eu l’occasion de voir Richard interpréter ses titres sur scène et ce, malgré l’horrible réputation que s’est pas mal trainé le groupe au début des années 2000. Malheureusement, la salle n’affiche pas complète pour cette affiche réunissant Lord Of The Lost et Combichrist (véritable tard du soir si on se fie aux nombreux T-shirts présents), sorte de demi-frère de Rammstein évoluant dans un genre musical que je ne connaissais pas, le découvrant telle une nouvelle espèce de grenouille bleue fluo, l’aggrotech. Oui, vous avez bien lu, je vous laisse faire vos recherches.
Where Do We Go From Here ?
En tout cas, la salle De Kreun à Courtrai étant de taille modeste, elle permet d’être aisément au premier rang et ainsi approcher au maximum le groupe qui jouera devant quelques fans arborant fièrement leurs T-shirts de tournées précédentes (ayant souvent ignoré la France ou la Belgique) pendant que les musiciens préparent rapidement leurs instruments. Les lumières s’éteignent et le premier truc qui me frappe à l’entrée sur scène de Richard, c’est le frontman lui-même « merde, c’est Richard ça ? Putain, il est grand ! » Oui, je sais, ça n’a pas l’air mais j’ai rarement l’occasion de voir des artistes afficher une taille quasi-similaire à la mienne. Le gaillard entre sur scène en veste treillis et chaussures montantes, le type en impose.
À ses côtés, les musiciens qui l’ont épaulé sur l’enregistrement du dernier album, Bobby Miller à la guitare et aux claviers, Oumi Kapila à la seconde guitare et Ashley Dzerigian à la basse. Ashley qui aura arboré ce soir-là un superbe collant Star Wars qu’on ne pouvait clairement pas louper. Toujours est il que le groupe entre vite dans le vif du sujet sans trop de fioritures avec l’énorme « The Take » et son écrasante guitare et sans aucune fausse note de son frontman. On sent bien qu’un Richard Patrick clean, ayant roulé sa bosse, ne peut qu’être au meilleur de sa forme et celui-ci ne me fera pas mentir de la soirée. Une très bonne nouvelle pour moi qui craignais une certaine déception que Filter se plaira à tromper même dans ces passages les plus agressifs. Je reste néanmoins plus circonspect sur le second titre joué sur chaque live de cette tournée européenne, j’avoue n’avoir jamais eu beaucoup d’affection pour « (Can’t You) Trip Like I Do » et son électro un peu datée signée de Crystal Method.
Heureusement, les guitares reviennent vite sur le devant de la scène avec « You Walk Away » de l’album « The Amalgamut » qui m’avait mis une baffe à 17 ans. Mine de rien, Richard n’hésite pas à piocher dans toute sa discographie et passe par exemple de « We Hate When You Get What You Want » (tiré de l’album « The Sun Comes Out Tonight ») à « Jurassitol » tiré de la BO de The Crow ou encore la plus douce « Take A Picture ».
Make America Great Again
Richard n’est pas avare non plus de communication avec le public, s’excuse par exemple de la politique de merde de son pays, décriant la politique de la peur mené par Trump, se félicite de voir les Prophets Of Rage se (re)former pour jouer les activistes tel que lui peut aussi le faire. Une belle manière d’enchainer sur le titre « American Cliché », bon y’a pas à chier, quand Filter fait parler la poudre, difficile de ne pas remuer ses mains en l’air comme si on n’en avait rien à faire. Cette résonance activiste sera d’autant plus évidente en voyant Richard interpréter le titre « Nothing In My Hands » mettant plus que jamais en évidence la corrélation meurtre de noirs désarmés dans son pays « They’ve taken your freedom, And they get away, Your justice is dead » laissant comprendre les paroles des victimess,« There’s nothing in my hands, I told you, just what I got ».
BOUM ! Dans ma face tant le morceau prend de l’ampleur en live et ce pont hyper martial « Face down on the ground ». Franchement, le titre qui m’a le plus enthousiasmé avec cette interprétation habitée.
Pas fou l’animal aura le très bon goût d’achever ce trop court set (50mn) avec « Welcome To The Fold » et bien évidemment le classique parmi les classiques, « Hey Man Nice Shot ».
L’affiche des trois groupes ne permettant pas de faire plus long, c’est tout de même sous les applaudissements d’une salle conquise que le groupe quitte déjà la scène, non sans avoir au préalable amuser tout ce beau monde, parfois même alpaguant le téléphone portable de l’un pour se filmer sur scène ou mimant des positions pour un photographe tout devant.
The Best Things (ont une fin).
Heureusement pour moi, la soirée n’était pas encore finie avec le groupe mais j’étais enfin rassuré de voir Filter, que j’avais découvert en même temps que les Smashing Pumpkins, n’avait pas mal vieilli, bien au contraire. Le plaisir retrouvé d’un gamin de 15 ans satisfait de constater que les idoles ne meurent vraiment jamais.
À moins d’une ligne de coke de trop et ça, Scott Weiland ne le sait que trop bien… Pas faute d’avoir été prévenu par Richard.