Le Grand Mix nous a gâtés pour sa rentrée 2015/2016 et si les deux premières dates envoyaient du lourd avec la légende Mark Lanegan et Baroness (qui sert actuellement de première partie à Metallica au Canada, excusez du peu), c’est bien cette troisième date qui semblait déchainer les passions. Je l’avoue, peut-être à mon plus grand étonnement. D’un côté, un Lanegan qui a côtoyé la scène grunge de Seattle (dont Cobain) ou encore les Queens Of The Stone Age début 2000, Baroness et ses 12 années d’activité, ses nombreuses apparitions sur les scènes du monde, sa rocambolesque survie à un accident et de l’autre, un canadien à casquette dont le sourire n’a rien à envier à celui de Béatrice Dalle et trois albums mais surtout « Salad Days » sorti en 2014 suffisamment encensé par la critique pour en faire un phénomène mondial. Jugez plutôt, si Lanegan a fait complet quelques jours avant sa date, DeMarco était soldout depuis des semaines et ce ne sont pas les personnes à la recherche d’une place qui manquaient le jour J.
What the fuck.
Quoi qu’il en soit, je n’allais pas être au bout de mes surprises pour cette date puisqu’avant Mac, c’est Dinner qui doit chauffer la salle. Signé chez le même label que DeMarco, il fallait se douter que ça n’allait pas être très conventionnel et avouons-le, on a été servis. Au point que les premières minutes, ultra déstabilisantes, on se marre connement de l’artiste, SEUL sur scène. Bande enregistrée, projections vidéo, costard trop grand, danse de robot, on se dit que le mec plane à trois milles. Et pourtant la cold wave presque parodique de l’artiste ne fonctionne pas au second degré mais bien au 1000e. Et c’est ainsi que l’on finit de se prendre au jeu d’un drôle de personnage qui aura su conquérir la salle dont ne ressortiront que des commentaires positifs en raison d’un parti pris ultra assumé et communicatif. Comme quoi…
Quant à Mac, avouons que cela reste du domaine du what the fuck, entre le bassiste issu tout droit des Deschiens, le nouveau claviériste de la famille Adams, le prof de yoga à la gratte, seul le batteur semble « normal », on se dit que c’est une belle bande de pieds nickelés loin des standards « habituels » de la pop/rock qui prend place. Mais c’est aussi pour cela que le groupe est venu, une musique sans prise de tête, loin des standards radio là aussi, mélancoliquement sautillante, assurée par un Mac DeMarco au top du normcore. Mais au final, c’est surtout une belle bande de potes qui aime se marrer sur scène qui assure le show et quand Mac explique que la setlist est bourrée de conneries du fait de leur facétieux tour manager, il ne ment pas (« Tiger’s Wood », « Edward Penis Hands », « Whorey Potter and the Sorcerer’s Balls », « Ass Ventura : Crack Detective »,…)
Je mentirais en disant que je suis super familier du répertoire du canadien, reste que l’on aura droit aux titres évidents tels que Salad Days (foooooorcément), mais surtout les titres issus de son dernier EP en date balancé cet été.
Le son est toujours celui d’un rockeur slacker (comprendre branleur) mais j’avoue que malgré la réputation de branleur imprévisible, Mac m’a semblé particulièrement appliqué ce soir, loin du concert qui virerait au one man show.
Alors certes, il aura fait monter sur scène une jeune femme du public qui faisait des bulles, il aura bien slammé sur la fin du set, fumé allongé sur scène pour ne pas se faire « capter », pris quelques photos avec l’appareil jetable tendu par un fan ou fait une sorte de guitarist centipede avec ses acolyte,, joué de la gratte en mode crabcore (voyez les photos), au-delà de toutes ces facéties, c’est bien un DeMarco appliqué qui fera résonner ses mélodies sans faille.
Et que dire de l’ambiance, les fans étaient clairement en transe. Parce que slammer, okay, mais c’est bien la première fois que j’en vois sur des morceaux lents. L’effet WTF. C’est donc une belle communion qui aura eu lieu ce soir de mi-septembre entre un artiste et son public.
Au final, si j’avais quelques réserves sur cette date, je dois dire que je n’ai pas regretté ma présence lors de cette soirée à la cool de faux branleur mêlant déconne et mélodies hypnotiques (à en juger l’état des fans) sur près d’1h30. C’est simple, je n’ai pas entendu une critique et si j’ai un peu de mal avec le son du saladier sur album, en live, ça passait plutôt bien. Pas étonnant donc que le lendemain, l’artiste ait encore une fois fait son show à Paris devant une salle comble et tout aussi acquise à sa cause.