Peter Doherty fait partie de ces artistes dégageant une aura certaine à l’image que l’on se fait du rock, sulfureux, imprévisible mais désormais, l’artiste a délaissé les tabloïds pour s’installer dans la tranquilité d’Étretat et se reconcentrer sur la musique. C’est accompagné de Frédéric Lo que l’anglais le plus français est venu défendre leur album commun « The Fantasy Life of Poetry & Crime ».
J’avoue, initialement, je ne fais pas partie des amateurs de The Libertines ou de Peter, j’ai toujours suivi ça d’un œil lointain mais avec un Pete assagi et de très bonnes critiques de cet album, la tentation de voir l’anglais était grande. Surtout à l’Aéronef que j’arpente désormais depuis plusieurs mois pour une collaboration photos. Et j’avoue, encore une fois (quelle balance), je ne savais pas si Peter remplissait encore les salles, la question elle est vite répondue puisqu’on est pas loin du complet dans la GRANDE salle de l’Aéro, preuve que l’aura de l’artiste est toujours intacte.
Le bonhomme aurait donc bien changé, mais pas totalement car à 19h50, j’entends de premières notes alors que la première partie Pregoblin était annoncée à 20h. Et ce n’est pas Pregoblin sur scène mais un chanteur auteur français rencontré à Étretat qui officie dans un registre pop à la limite du canular (« je ne veux pas devenir un hippie, hippie, hip hip hourra ! » vous voyez le genre). Une première partie lunaire « imposée » en dernière minute à la salle… Avec des chiens sur scène. Oui, parce que Pete, il est comme le cirque Pinder, il emmène ses animaux en tournée. Pregoblin sera un peu moins lunaire mais très British dans le style.
Ce sont enfin Frederic Lo et Peter Doherty qui déboulent sur scène, si les styles vestimentaires se font classieux, on finit par remarquer le combo claquettes/chaussettes d’un Pete souriant et surtout assuré dans le chant. Malgré la transformation physique de l’artiste, on ne peut que constater qu’il se fait solaire. Accompagné de ses musiciens (et à priori de sa femme au clavier), l’anglais assure et rassure sur ses acquis vocaux. Sont alors loin les souvenirs de concerts tumultueux où trop intoxiqué/alcoolisé, il disparaissait au bout de quinze minutes.
Ce soir, c’est un Pete sérieux, envoûtant même, qui régale avec un Frédéric Lo tout en sourire et classe. Le public se révèle lui aussi être la belle surprise de cette soirée. Je reproche souvent un public un peu statique à Lille mais ce soir, tout le monde a le sourire aux lèvres, comme pour fêter les retrouvailles avec un ami que l’on n’aurait pas vu de longue date. Et si le vin est bien là, tout se fait dans la classe et la volupté. On est très très loin de la piquette musicale.
L’album des deux artistes ne durant « que » 36 minutes, la troupe va nous gratifier de 5 titres supplémentaires avec des reprises de the Smiths, des titres de Peter lui-même ou encore de Daniel Darc et de Frédéric Lo en français. Rien de tel pour charmer n public déjà conquis. Et l’opération charme ne s’arrête pas là quand on le voit faire des papouilles à son chien pendant que Frédéric s’attèle sur sa guitare. Et plus la soirée passe, plus Peter se déshabille pour se sentir à l’aise.
Mais point trop n’en faut et le concert s’achève sur un sentiment de satisfaction totale. La satisfaction d’avoir été présent, d’avoir assisté à ce moment un peu hors du temps, pas loin du set acoustique et qui aura permis de renouer avec l’aura d’une star que l’on aurait trop vite sacrifiée sur l’autel des tabloïds. Quelle régalade c’était et pourtant je vous le dis, je n’en attendais rien.
Merci à l’Aéronef pour l’invitation et au management de Pete.