C’est donc sur les bords d’une Tamise ensoleillée, presque d’été avec ses 25 degrés, que j’avais rendez-vous ce vendredi 19 Avril avec James Lavelle aka UNKLE. Plus précisément au Royal Hall Festival en plein coeur de Londres, les environs de la salle accueillant eux-mêmes une sorte de festival musical printanier, tout semblait donc parfait, le temps, UNKLE et ses 2 précédents albums The Road et un pass photo après quasi 9 ans depuis leur dernier passage à l’Élysée Montmartre.
The Club.
Le Royal Hall Festival est une salle qui accueille principalement des concerts de musique classique, digne du Sénat Galactique avec ses boxes surplombant le reste de la salle, je m’étais d’ailleurs étonné lors de l’achat, de places assises uniquement. On imagine alors que le groupe mise principalement sur l’acoustique voire le prestige de la , l’affiche en édition limitée de ce concert exceptionnel l’annonçait, James Lavelle serait rejoint sur scène par certains invités ! Notamment Tom Smith d’Editors, ESKA, Liela Moss de The Duke Spirit ou encore Dhani Harrison, fils du non moins célèbre Beatle. En guise d’accueil, un message dans le fond cette superbe salle ; « UNKLE : On The Road – Act 1 : The Club ».
Et j’avoue. Là, je suis passé à côté d’un truc ! Juste avant, on m’a signalé que le concert se verrait interrompu par un entracte, je me suis dit « mais non, y a pas d’entracte sur un concert, ça ne devait pas être ça ». Après une honnête première partie assurée par Skinny Pelembé, c’est donc James Lavelle accompagné de 3 musiciens qui va prendre possession de l’espace. L’homme fort du label MoWax se positionne, à son habitude, derrière les platines tout en étant accompagné d’un batteur, d’un clavier et d’un violoncelliste. Après avoir été contrôlé 20 fois avant et pendant le concert « are you a photographer ? » et malgré la gentillesse de mes hôtes du soir, je me retrouve donc à photographier d’endroits très très spécifiques le show (sur demande du management). Ce n’est qu’en revenant à ma place qu’un élément me chatouille, où sont les chanteurs ? Je ne comprends pas trop, me voici surplombant la scène depuis les gradins à scruter mais non, James Lavelle est bien là, seul, à balancer ses pistes sonores comme « Restless » faisant apparaitre Josh Homme en piste vidéo et audio (rien de surprenant, cet aspect DJing était déjà présent à Paris en 2010, date de leur dernier passage), puis se succèdent des titres tels que « Reign », « Heaven » (le clip réalisé par Spike Jonze en arrière-plan bien sûr) et dont le chant restera À JAMAIS associé au regretté Gavin Clark mais le sentiment m’envahit… La déception teintée d’un brin d’ennui.
J’ai beau être ultra fan, voir Lavelle centré sur un DJing n’est pas des plus excitants, les visuels ont beau être planants, très travaillés, cela donne une scène très très statique dans une salle où de petits groupes de fans ont eu l’audace folle de se mettre debout pour réagir aux rythmes électro des pistes d’UNKLE. Il est toujours drôle de voir des mecs tout droit venus de la City, en costard, s’ambiancer un vendredi soir coûte que coûte. L’apothéose étant l’enchainement entre la très électro « Touch Me » ET la reprise (à mon sens) incongrue de Donna Summer « I Feel Love » qui va mettre la salle en ébullition dans un WTF le plus total, boule à facette sur l’écran géant compris. À ce moment-là du « concert », je suis six pieds sous terre tant j’ai trouvé ça ennuyeux et pense qu’on se dirige vers cet acte seulement.
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Afterhours.
Heureusement et après une heure de mix, l’entracte arrive bien et sur le fond de la scène, « UNKLE : On The Road – Act 2 – Afterhours ». Et c’est bien ça qui va m’intéresser, cette fois James Lavelle s’empare du micro aux côtés de ESKA et Tom Smith pour reprendre le titre « Crucifixion » en chœur. Les machines à fumée sont bien poussées et je peine presque à reconnaitre un Tom Smith tout en cheveux longs mais cette fois, c’est bon, le concert que j’attendais est lancé. Dhani Harrison vient assurer son chant sur la fragile « Days And Night », The Big Pink sur la plus passable « Find An Outsider », Smith en solo sur la magnifique « The Other Side » mais clairement, ce soir, ce ne sont pas les mecs qui vont tuer le game. Ce sont bien les invitéEs ! ESKA en première ligne, qui assurera avec une véritable énergie le chant sur l’incontournable, l’indémodable « Lonely Soul » (Richard Ashcroft assurant initialement le chant sur ce titre vieux de 21 ans), on sent bien, d’ailleurs, que le concert se débride véritablement sur cette seconde partie.
C’est ensuite Liela Moss qui va prendre le relais sur la magnifique « Feel More/With Less » du dernier disque. Comme possédée, celle-ci se laisse porter par les notes, occupe l’espace d’amples mouvements des bras, comme en transe. James Lavelle en profite pour balancer, à nouveau oui, la très très électro « Touch Me » avec Liela avant que les deux chanteuses ne portent le coup final, l’estocade à t’en faire dresser les poils ! ESKA ne se le loupe pas et « Reign » a donc droit à sa seconde interprétation de la soirée et là, le titre prend tout son sens. Si Ian Brown n’est malheureusement pas de la partie, on ressent tout aussi bien le titre avec la généreuse réappropriation d’ESKA, la montée des intrus, la puissance de sa voix, le jeu de lumière dantesque, cette fois la salle est majoritairement debout (dommage, la vidéo ne retranscrit pas la justesse du son) avant que Liela Moss ne nous achève sur « In A State » avec ses chœurs hantant, sublimes, preuve encore que « Never, Never Land » reste probablement l’un des meilleurs disques d’UNKLE.
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End Of The Road.
Malheureusement, la fête est terminée, les invités viennent déjà rejoindre Lavelle sur scène qui nous remercie de notre venue pour cette soirée très spéciale (le bonhomme se faisant extrêmement rare en live). Dommage car ce n’est finalement qu’un peu moins d’une heure plus tard que cette seconde partie live s’achève à mon grand désespoir.
Peu de place aura été fait à l’album le plus rock « War Stories » (pas une pensée pour les rouleaux compresseurs « Hold My Hand » ou encore « Burn My Shadow »), pas souffle du titre « On My Knees » du film récemment oscarisé « Roma », finalement, même The Road Pt 1 et 2 ne représenteront que 4 titres de la soirée, tout acte confondu.
Alors oui, à la sortie, c’est la déception qui dominait et finalement domine encore un peu, il y avait tant à faire selon moi, la première partie de DJing aurait dû être plus explicitement annoncée et peut-être moins longue. Sérieux, je ne vois pas encore l’intérêt d’avoir balancé du Donna Summer quand t’as 30 ans de carrière derrière toi et une dizaine de disques très solides, tout comme ce besoin de dédoubler certains titres entre le DJ set et le live. N’en reste pas moins le plaisir d’avoir vu l’un de mes groupes préférés chez lui dans une superbe salle et bien accompagné. Néanmoins, quand on voit que le dernier live enregistré en 2017 au KOKO de Londres comprenait 17 titres et tout autant d’invités, on peut se sentir un poil déçu…
J’en profite pour remercier le groupe lui-même puisque j’étais le seul photographe externe accrédité ce soir-là. 🙌🏼
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SETLIST
On The Road : Act 1 – The Club
The Road
Chemistry
Restless
Money and Run
Looking for the Rain
Reign
Be There
Cowboys or Indians
Heaven
Sunrise
Touch Me
I Feel Love
(Donna Summer cover et sa boule à facettes)
On The Road : Act 2 – Afterhours
Crucifixion (with Tom Smith & ESKA)
Days and Nights (Dhani Harrison)
Find an Outsider (The Big Pink)
The Other Side (with Tom Smith)
Lonely Soul (with ESKA)
Feel More / With Less (with Liela Moss)
Touch Me (with Liela Moss)
Reign (with ESKA)
In a State (with Liela Moss)