Annoncé fin 2016, voici Crystal Fairy : hydre à 5 têtes avec Omar Rodriguez-Lopez, son ombre Teri Gender Bender des Butcherettes et deux membres des Melvins. Plus de 30 ans de boutiques pour ces derniers et une opportunité de faire évoluer leur son d’une part. Ainsi l’assurance d’avoir des guitares à la fois chaloupées et acérées sauce old school et aussi une voix féminine tranchée. Pour le meilleur et souvent pour le pire.
Le tout fait mieux que la somme des parties ?
Le problème avec des identités si fortes dans un projet de la sorte est de se retrouver avec un ensemble de points très distincts ne sachant pas apporter vraiment quelque chose de nouveau. C’est pourquoi on a parfois l’impression d’écouter souvent les Butcherettes, Bosnian Rainbows, parfois les Melvins mais jamais une entité venant légitimer l’existence de Crystal Fairy. A part bien sûr un emballage un poil plus musclé et dramatique. Pour avoir suivi la faste actualité de Rodriguez-Lopez avec sa quinzaine de disques l’an passé, j’ai beaucoup entendu sa chanteuse préférée. Ses caractéristiques comme sa voix théâtrale, ses intonations répétitives et le fameux morceau en espagnol qu’elle nous sort toujours, la détachent de l’ensemble au point de me bloquer sur l’appréciation du disque. Pourtant, Omar l’increvable a très souvent changé de style l’an passé mais le constat est toujours le même. Ses gimmicks finissent par se faire ressembler toutes les compos, quelque soit le style musical. Ici, elle est omniprésente et laisse peu de place aux moments sans voix. Une fois les 30 premières secondes passées, c’est souvent parti pour du non-stop et un one-woman show.
Au-delà des vocalises, que dire ? On y retrouve une production assez métal, propre aux années 90 : un registre où on n’avait pas l’habitude de retrouver les guitares d’Omar Rodriguez-Lopez. Hélas ou tant mieux, on ne peut pas dire que c’est là qu’on y retrouve ses meilleurs riffs à part sur l’intro de « Bent Teeth ». A part sur « Moth Tongue », la batterie ne fait pas d’étincelles et se retrouve cantonné à un rôle de toile de fond monolithique sans vrai moment marquant. Des guitares à la Smashing Pumpkins de la vieille époque sur le titre « Crystal Fairy », un titre ultra speed comme « Vampire X-Mas » ou la balade « Sweet Self« donnent au moins de la variété et un côté bac à sable bordélique assez intéressant. Ca ne changera pas l’impression générale mais peut-être que lorsqu’on le ré-écoutera dans quelques mois. ou qu’on entendra moins Teri Gender Bender dans tout ce que touche Rodriguez-Lopez, l’album y gagnera. Qui sait…