DITZ ✖︎ Never Exhale

A l’écoute de leur premier album il y a 3 ans, DITZ a été notre coup de coeur de la scène anglaise. Comment maintenir la flamme lorsque l’on mise sur l’intensité, la surprise et la violence ? Réponse avec un Never Exhale qui n’a pas fini de nous dévoiler ses mystères une cinquantaine d’écoutes plus tard.

Avec la sortie tonitruante de The Great Regression début 2022DITZ avait administré une véritable commotion sonore à une frange d’auditeurs avertis. Un secret bien gardé pour les curieux en quête d’une expérience à la fois brutale et directe. Pourtant, réduire leur musique à cette seule violence serait occulter le caractère insidieux et étonnamment captivant de leurs compositions, flirtant parfois avec une certaine idée de la pop. Ils opèrent un alliage déroutant de répulsion et d’attraction, dont les écoutes répétées témoignent pourtant de leur talent à forger une musique profondément charnelle et addictive. Ce son sans concession les a propulsés, l’an dernier, en première partie des incontournables IDLES lors de leur tournée européenne des stades. Habitués à se nourrir de leurs morceaux en intraveineuse, il fallait une sacrée dose d’imagination, voire des dons de voyance pour les visualiser conquérir le Zénith de Paris avec leur noise dissonante et déchirante.

Dans Never Exhale, on retrouve cette atmosphère oppressante et ce magnétisme prégnant, où l’identité du groupe transpire à chaque seconde. Et dès les premières secondes et la vrombissante Taxi Man, l’effort mis sur le coffre sonore du disque fait toute la différence avec l’album précédent. En interview en janvier 2024, le groupe nous évoquait le titre The Body as a Structure, le désignant comme étant le titre qui encapsule l’approche des paroles par C.A Francis. Une vision du corps en proie aux tourments intérieurs, nécessitant l’expérience physique pour une analyse ultérieure par l’esprit. Naviguant en marge et pourtant de plus en plus en vue, DITZ trace son propre chemin avec un statut d’électron libre aussi fascinant que insaisissable. Sans céder à la précipitation ni renier son essence, le groupe progresse avec assurance et une implacable détermination vers de nouveaux horizons. La structure de leurs morceaux révèle une évolution notable, gagnant en densité, en puissance et en ampleur comme nous le prouve britney en clôture. Autre confession datant de l’an dernier, le groupe tire une partie de ses influences du néo-métal. Pas tant pour l’attitude macho et la production très datée que pour la transgression des genres musicaux et la folie qui pouvaient caractériser cette période damnée par beaucoup.

En amorçant l’écoute avec des titres à l’accroche indéniable tels que Four ou Senior Siniestro, on espère que ce disque leur permettra de franchir également un palier commercial permettant au groupe de prospérer et de rester en vie, tout simplement. Ce « succès » leur permettrait de continuer à nous électriser avec leur musique singulière. En attendant, on a déjà pu constater lors de leur récente date à La Maroquinerie que les nouveaux morceaux s’intègrent parfaitement aux précédents et savent rendre les coups.

Aux côtés de Gilla Band et de Psychotic Monks, la noise est en tout cas entre de bonnes mains et DITZ sera à l’Elysée Montmartre le 21 novembre pour nous le prouver sur scène encore une fois dans ce qui constituera leur plus grosse date à ce jour !

NOTE FINALE
Attendu de pied ferme, cette suite des aventures de DITZ remplit toutes ses promesses en réussissant à nous surprendre sans s'essouffler. Bien parti pour prendre encore plus de place dans la scène actuelle avec Never Exhale et des concerts dantesques, ils ne semblent pas partis pour arrêter de nous régaler et c'est tout le mal qu'on leur souhaite.
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