Ce 7 juillet posait un problème, aller festoyer sur la Place de la République avec le stoner pour enfants de Triggerfinger accompagné des Wampas et de leur roi Didier, ou se briser la nuque à Glazart avec Dopethrone et leurs copains ? A peine le souvenir du dernier concert parisien des québécois m’avait-il effleuré l’esprit que Corneille est reparti avec son choix, en faisant la gueule.
Cette fois les serviteurs du trône de drogue étaient accompagnés des anglais de Gurt pour toute la tournée européenne et de Fange pour la France.
Fange
Premier groupe en scène, Fange ouvre les hostilités et après le premier morceau on peut déjà dire que… Fange c’est pas de la merde ! Non en vérité c’est un genre de vase dégueulasse, mais ça pue, ça c’est certain.
Plus sérieusement, les mecs ont un EP et sont probablement sur leurs premières dates live mais sont déjà en place et aussi convaincants que pas mal de vieux professionnels du genre. Il faut dire qu’on a pas non plus affaire à des nouveaux venus puisqu’il s’agit du projet d’un Brain Pyramid, d’un Huata et du Zalhietzli.
La batterie dicte le rythme du fracassage de nuques tandis que le guitariste fait couler sa boue sonore et que le bruitiste chanteur déverse toute sa haine sur nos pauvres gueules, mais en français s’il vous plait. Oui parce que, chose qui plaira certainement à tous les défenseurs de la culture françoise, Fange a choisi la langue de Baudelaire pour s’exprimer, et si honnêtement cela ne fait pas grande différence pour qui n’a pas les textes sous les yeux, on vous conseille vivement d’aller lire les paroles sur leur bandcamp en cliquant sur « lyrics » à côté des titres. Extrait choisi : « En plein vol les oiseaux chient leur âme, qui retombe en grêle molle« .
Gurt
Puis vient Gurt. La bande d’anglais amateurs de dinosaures en plastique nous a préparé une soudaine et inévitable trahison, aussi violente que festive. En effet, après quelques EP saveur souffre, Gurt a enfin sorti son premier album « Horrendosaurus » en juin et compte bien nous le faire savoir avec une tournée européenne plus que conséquente.
Le riff est sale et efficace, provoquant force headbang dans l’assistance, si bien que considérant l’ampleur du phénomène on prévoit au moins une dizaine de coups du lapin avant la fin du concert. La maîtrise se ressent tant dans les morceaux lents (« Horrendosaurus« ) que violents (« Sludge Puppies« ) et le reptile écrase le Glazart de son gros son massif. Après ça ils pourront dire « Je suis Godzilla. J’ai piétiné 150 000 personnes« . Enfin plutôt 150 mais on va pas pinailler.
Dopethrone
Enfin place aux champions de la soirée, les rois du gras venus du froid, Dopethrone. Les québécois jouent ce soir devant un public entièrement acquis à leur cause, venu célébrer de ses balancements crâniens les dignes descendants du grand Iommi.
Le groupe entre sur « Ain’t No Sunshine » de Bill Withers, promettant ainsi beaucoup d’amour. Le concert sera à la hauteur de la promesse, déchaînant les passions et ce tout particulièrement sur les tubesques « Dark Foil » et « Hooked« .
Comme à son habitude, le guitariste et chanteur Vince assure le show avec ses mimiques de possédé et osera même la petite blague : « la prochaine chanson, a parlra pô d’drogue… Nan j’rigole, a parlra d’drogue !« .
Tout comme les deux groupes précédents, Dopethrone associe la lourdeur à un groove imparable auquel il est bien difficile de résister. Otage du riff et réduit à l’état d’undead servant, le public n’a d’autre choix que de succomber à cette nuit chaude et sauvage. Le concert s’achève comme il a commencé, avec leur reprise de « Ain’t No Sunshine ». Les anciens et nouveaux adeptes peuvent alors s’en aller, la douleur dans le cou et la joie dans le cœur.