Après deux premières journées où la météo avait été très clémente comparée aux prévisions initiales, on avait la confiance ! Notre chauffeur Uber (on a joué les festivaliers parisiens jusqu’au bout) nous l’avait dit : « rassurez-vous, il ne pleuvra pas cet après-midi ». La confiance on vous dit !
Du coup, c’est à peine si on prête attention au petit crachin qui tombe sur l’hippodrome de Longchamp au moment où l’on passe la sécurité. Une demi-heure plus tard, difficile par contre d’ignorer la grosse averse qui s’abat devant la Main Stage juste avant l’entrée en scène de Skillet. La confiance, vraiment ?
En tout cas ce n’est pas la performance de Skillet qui nous remonte le moral. Les membres du groupe sont bien trop propres sur eux pour être honnêtes, tout comme l’est leur musique. On apprend au passage que leur genre musical est le « christian metal rock » et qu’ils ont assuré la première partie de la dernière tournée de Nickelback. Bref, les Skillet n’ont vraiment rien pour eux !
La pluie s’arrête et il est temps de foncer voir Lofofora sur la Stage 2. Comme les cousins de Mass Hysteria la veille, ce sont à ces vieux briscards de la scène française qu’incombe le soin d’ouvrir la journée. Et comme Mass Hysteria, le groupe va s’appuyer sur son expérience de la scène pour tout retourner, le tout en même pas deux titres. En attaquant bille en tête avec « l’oeuf » puis « le fond et la forme », Lofofora aurait presque pu s’arrêter là, personne n’aurait pu y redire. Ce sont pourtant bien 45 minutes de cette énergie et de ces textes engagés que nous offrira le groupe. Les commentaires de Reuno en prime, du genre : « putain ça fait bizarre de jouer face à la Défense, de jouer face à tous ces enculés, ça fout la rage en fait ! On est dimanche, on devrait pas dire de gros mots, mais on s’en braaaaaanle !!! »
On retourne devant la Main Stage pour Trivium. Hélas, c’est un peu la même punition que pour Skillet plus tôt. Le chanteur a beau grimacer tout ce qu’il peut, on sent que c’est un vrai gentil (on entendra à côté de nous « ouh, il fait peur celui-là, il a l’air méchant » sur un ton des plus ironiques qui en dit long). Le groupe a beau sortir le décor démoniaque comme tant d’autres, l’effet reste cliché et commercial, à l’image de leur musique.
Alors même si on n’est pas fan du groupe, on reconnaîtra à Children of Bodom une sincérité et une authenticité qui font du bien. Après les Suédois de Amon Amarth la veille, ces Finlandais-là nous sortent une autre recette du concert metal réussi et met l’Europe du nord à l’honneur de ce Download Festival France (et la suite de la journée nous le confirmera). On voit se lever des cornes de partout entre les morceaux et des vagues de slams sur le public ne sont pas loin de déborder la sécurité si bien rodée du festival.
Journée maudite sur la Main Stage. Alors qu’on attend l’entrée en scène de Sabaton (encore un groupe suédois), c’est cette fois un véritable déluge orageux qui tombe sur Paris, rendant presque anecdotique le concert en lui-même. Chaque festivalier se retrouve trempé jusqu’aux os dès la fin du premier morceau de ce set guerrier, et l’hippodrome devient un vaste champ de boue. On notera néanmoins que le groupe ne manquera pas de mettre du coeur à l’ouvrage, tant pour faire oublier la pluie aux festivaliers que pour les aider à se sécher et se réchauffer une fois l’orage calmé.
On ne va pas se mentir, cette journée du Download Festival France est jusque-là assez décevante, la météo n’aidant pas beaucoup. On se dirige alors vers la scène d’en face en se disant que si ce n’est pas du metal, peut-être que le salut viendra d’un rock plus classique avec la performance toujours attendue de Rival Sons. La pluie quant à elle a désormais décidé de tomber à chaque début de concert. C’est donc sous une pluie moins forte (mais qui mouille quand même) que Jay Buchanan et sa bande font leur entrée sur scène. Et le moins qu’on puisse dire c’est que Buchanan ne va pas ménager sa peine. Gesticulant, hurlant jusqu’à en devenir violet, l’homme vit toujours autant sa performance. C’est sa voix qui assure le liant entre les anciens morceaux et ceux, plus fades avouons-le, de l’album qui vient tout juste de paraître. On se permettra au passage de chambrer Scott Holiday, le guitariste, trop préoccupé par l’idée de garder son beau costume vert au sec pour sortir du milieu voire du fond scène. Pas très rock ‘n’ roll comme attitude…
Avec l’arrivée de Volbeat (des Danois cette fois) sur la Main Stage, revoilà la pluie. Normal. Mais cette averse-là est de courte durée et laisse la place au show parfaitement rodé du groupe qui n’a pas cessé de tourner depuis plusieurs années. Marquant le début du concert de quelques reprises dont du Johnny Cash, le cadre est posé, entre metal viril et révérences aux racines du rock américain.
Mais on sent bien que le public pense déjà à Rammstein, les files d’attente s’allongent devant les food trucks au détriment du concert. De notre côté on fait le choix difficile d’abandonner Megadeth sur la Stage 2 pour aller voir le jeune phénomène français : Last Train. Si on pensait être au sec sous la tente de la stage 3, là aussi on oscille entre gadoue et boues quasi-marécageuses. Le groupe entre en scène sur Fire, rien que ça ! Sans parler de l’affluence des grands jours, il y a tout de même du monde devant la scène. Jean-Noël prendra d’ailleurs le temps de remercier sincèrement tous ceux qui sont venus les voir au détriment de Megadeth. Ca aurait de quoi être stressanttout ça, pourtant le groupe déroule son set avec une énergie à bloc de la première note à la dernière, comme si du haut de leurs 20 piges, ces quatre-là avaient une longue expérience des festivals. Une belle promesse pour l’avenir.
Disons-le tout net : le festival s’est arrêté pour nous avec Last Train. Rammstein ayant fait le choix de restreindre l’accès des photographes à leur concert, nous avons restreint leur accès à ce live-report. De toute façon, un concert de Rammstein, on sait tous à quoi ça ressemble. Les fans auront pris une grande claque pyrotechnique à n’en pas douter. Comme l’atteste ces photos prises au smartphone de derrière la Main Stage, alors que nous regagnions la sortie.
En guise de conclusion, on redira que ce Download Festival France aura été une réussite presque à tous points de vue (mention spéciale à la sécurité et aux organisateurs). Certes il y aura eu quelques bugs, inhérents à une première édition, mais on était très très loin du ratage guetté du coin de l’oeil par beaucoup. Certes ce n’est pas le Hellfest, mais nul besoin de chercher à comparer. L’approche du Download est beaucoup plus grand public et commerciale. Les « vrais » iront au Hellfest, les furieux des festivals et les friqués feront les deux, les autres auront un festival plus accessible (dans tous les sens du terme) dont on attend déjà la 2ème édition avec impatience.
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