Envy ✖︎ Eunoia

Cela doit être un exercice particulier de jauger le groupe Envy de ces dernières années quand on l’a découvert à l’époque de All The Footprints. Le chaos autodestructeur à peine contre balancé par un spleen Baudelairien s’est mué en une sérénité rassurante, et quoiqu’on en dise cela lui réussit.

Car oui : Envy est maintenant dopé à la positive attitude. Si cette ambiance nouvelle pouvait déjà se ressentir sur The Fallen Crimson il y a 4 ans, elle semblait alors porter également les stigmates d’un groupe littéralement en pleine renaissance passé à un souffle de la séparation définitive.

Rien que le nom du nouvel album des japonais, Eunoia (terme grec ancien empli de bon sentiments) nous met sur la voie à emprunter désormais. La douceur enveloppante de l’introductive Piecemeal ne sera pas dissipée par le screamo à l’attaque de Imagination and Creation tant le dynamisme et la précision du sextet est mis au service d’une musique profondément réconfortante (Beyond the Raindrops), faisant probablement de Eunoia l’album le plus accessible de leur discographie jusqu’ici.

Il serait pourtant faux d’affirmer que tout ceci est dénué de prises de risque : de mémoire, on n’avait jamais entendu chez Envy d’expérimentation sonore brute comme dans Lingering Light ; et il sonne dans les couplets de Whiteout une excentricité qu’on croirait empruntée à At the drive-in. Il en reste que Eunoia semble nimbé d’une lumière céleste, et il est très logique de le voir se clore avec le post rock enchanteur de January’s Dusk, véritable suite directe du Hikari de l’album précédent. On regrettera tout de même la durée très courte (30 minutes tout pile) et le manque de morceaux capables d’installer un appartement dans le cerveau de l’auditeur.

NOTE FINALE
Résolument positif, oui. Eunoia n’est peut être pas l’album le plus marquant des nippons, mais il célèbre dignement les 30 ans d’un groupe à la créativité unique.
3.5