Father John Misty ✖︎ Mahashmashana

À son sixième album, un artiste a déjà son clan : fans inconditionnels d’un côté, détracteurs acharnés de l’autre. Et Josh Tillman, alias Father John Misty, n’a manifestement pas l’intention de réconcilier les deux camps. En ouvrant son nouveau disque par un morceau-titre de plus de neuf minutes, il pose la question : pourquoi faire simple quand on peut faire grandiose ?

Chez lui, “minimalisme” et “sobriété” ne sont pas des options. La grandiloquence, signature adoptée depuis Pure Comedy en 2017, reste son mantra. Alors, ce Mahashmashana : un nouvel épisode des aventures d’un homme qui refuse de choisir une seule voie ? En 2022 on avait laissé FJM avec Chloë and the Next 20th Century, très beau disque concept ronflant se prenant les pieds dans le tapis et ne se magnifiant pas vraiment avec le temps ou le live. La faute sûrement à un écrin trop étroit.

Mais voilà : quand on a une voix pareille et une telle créativité, une baisse de régime n’est qu’un détour. Et cette cuvée 2024 ? Un grand cru, sans aucun doute. Humour piquant, interprétations audacieuses et styles musicaux variés : les fondamentaux sont de retour et dès la première écoute, on sent qu’il y a du neuf. Pas un best-of déguisé, mais quelques morceaux qui brillent déjà comme des classiques : ‘She Cleans Up’, sans conteste la plus rock de son répertoire, ou encore la très cool et déliée ‘Josh Tillman and the Accidental Dose’, qui rappelle le Beck des grandes années. La musique a connu une mue, l’homme également. Sept années sans interview, une présence sporadique sur les réseaux sociaux et plus aucune punchline pour nourrir les gros titres. Changement supplémentaire, Josh Tillman est devenu père. Une autre manière de réfléchir à son ego, sa renommée et sa place dans notre société. Comme d’habitude, imprimer les paroles de ce disque serait un acte foncièrement toxique pour la planète tant son auteur continue d’en pondre des kilomètres. Celui qui voulait être une Tortue Ninja quand il était enfant semble prendre la voie de la sagesse sans emprunter celle de l’ennui. Comme l’épopée funk ‘I Guess Time Makes Fools of Us All‘ placée en bout de route sur la tracklist et découverte cet été lors de la sortie de son best-of, FJM s’amuse et surprend à nouveau. Pour cette raison, on lui pardonnera d’ailleurs une baisse de régime sur des titres comme ‘Mental Health‘.

Moins éparpillé par son personnage, son omniprésence médiatique ou l’histoire qu’est censé raconter son album, Father John Misty semble s’être focalisé sur son contenu et le résultat en sort grandi. Le temps nous dira s’il s’agit de son meilleur disque depuis l’iconique I Love You, Honeybear, qui, soit dit en passant, fêtera ses 10 ans l’an prochain. Déjà !

 

Father John Misty sera à la Cigale le 8 Avril 2025.

 

NOTE FINALE
Après deux années à la jouer profil bas, Father John Misty revient par la grande porte en laissant parler ses chansons d'abord. Plus sobre dans le discours mais toujours habillé d'une certaine flamboyance, le voilà équipé de nouveaux classiques pour reprendre la route des salles l'année prochaine.
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