C’est dans la belle Salle Pleyel et le cossu seizième arrondissement que Father John Misty tenait sa première venue en salle à Paris depuis novembre 2017. L’occasion de présenter son Chloë and the Next 20th Century disponible depuis plus d’un an.
Équipée de sa guitare, Sophie Jamieson assure seule l’ouverture et elle n’a besoin de personne d’autre. Si elle dispose de quelques mots de français et d’un maigre filet de voix lors de ses interventions entre les morceaux, son set aura garanti le silence du public. Gage de qualité et de respect immédiat, qui permet d’apprécier l’ambiance planante et un certain magnétisme. Voisine de label chez l’écurie Bella Union, on devrait la recroiser en France sous peu.
Sorti de son tourbillon d’albums successifs où Josh Tillman enchaînait les tournées mondiales et les happenings, le bougre a choisi de se faire discret. Quasiment aucune promo, une série de dates réduite à l’extrême pour un unique passage européen à Londres en 2022 accompagné d’un orchestre. Annoncée depuis un an, ce soir nous permettra de revoir le groupe sous un format classique avec cinq disques à illustrer. 10 personnes sur scène, ça peut paraître beaucoup mais pas quand il s’agit de mettre en place l’orfèvrerie qui nous sera servi pendant deux heures. Cuivres, piano, claviers, batterie, guitares et basse sont au menu et tout est réglé. L’interprète principal ne se sert d’instrument que sur les morceaux des deux premiers albums, ayant la place pour une balade micro en main avec danse en prime.
Cheveux et barbe drastiquement raccourcis, il a l’air toujours aussi élancé dans ses mouvements et versatile dans ses prises de paroles entre deux chansons. Demander si quelqu’un a perdu récemment un animal de compagnie, recevoir un bouquet de fleurs ou nous dire que la France était pour lui l’endroit où il avait signé avec un label pour la première fois à l’âge de 25 ans avec Fargo Records. Tout ça n’a ni queue, ni tête. Comme évoquer cet article en cours d’écriture d’une étudiante qui l’a contacté à propos de ‘The Night Josh Tillman Came to Our Apt.‘ sur l’origine de la chanson, née entre soirées de débauche et des difficultés à performer sexuellement. Des interactions 100% Father John Misty qui font tout le sel de ses performances et sont complètement raccords à la fois avec son personnage et ses paroles.
Au sein des 21 morceaux joués, on aura frissonné sur une version démultipliée de ‘Things It Would Have Been Helpful to Know Before The Revolution‘ et aussi sur ‘Pure Comedy‘ dont l’orchestration live gagnait en puissance et grandiloquence. Bien sûr en dernier arrivant, Chloë and The Next 20th Century représentait un tiers du show. Pour le pire et pour le meilleur, comme sur disque, même si les versions ici permettaient d’y ajouter un supplément d’âme. On en dira moins de ‘Goodbye Mr. Blue‘ ou de ‘Buddy’s Rendezvous‘ qui restent toujours aussi… chiantes. Mais au vu de la durée du concert, ce serait bouder son plaisir de se plaindre. Surtout quand les perles de l’artiste s’enchaînent ou qu’il nous offre une ‘Holy Shit‘ en acoustique accompagné du piano en guise d’au revoir. Encore une belle soirée en compagnie du père et de ses compagnons et de se rappeler s’il le fallait qu’il est sans aucun doute l’une des plus belles voix du circuit folk et que Fear Fun et I Love You, Honeybear vieillissent toujours aussi bien.