Ce mardi soir, La Cigale a vibré au son du sermon indie-folk de Father John Misty, alias Josh Tillman, étape de sa tournée « Mahashmashana ». L’assistance, toujours dévouée, avait répondu présente, bravant les contraintes du quotidien pour communier autour de son ironie douce-amère et d’émotions étonnamment sincères. L’atmosphère était chargée d’une attente particulière, son récent disque signalant un revirement artistique salué.
Dès 20h30, Tillman avec son habituelle nonchalance charismatique et sa floppée de musiciens ont investi la scène. Le voyage sonore de près de deux heures a offert une introspection mélodique, puisant avec assurance dans son répertoire. La setlist, agencée avec soin, a navigué entre les classiques établis, comme l’acerbe Nancy From Now On et la plus récente et sifflotante Mr. Tillman et une sélection généreuse de son nouveau cru. Pas moins de huit titres de cet album ont trouvé leur place, témoignant de la confiance de l’artiste en sa récente inspiration. L’interprétation live de titres attendus, tel She Cleans Up – une composition surprenante naviguant avec audace entre des sonorités évoquant Shania Twain et l’énergie brute de Viagra Boys – a illustré la vitalité retrouvée de l’artiste.
Ces nouveaux morceaux se sont intégrés harmonieusement à l’ensemble, confirmant son retour au meilleur de sa forme. Tout comme on l’indiquait en novembre dernier à la sortie de l’album.
Une présence scénique captivante, entre cynisme et ferveur renouvelée. Sur scène, Father John Misty continue de déambuler tel un maître de cérémonie captivant, embrassant énergie, mélancolie et sarcasme. Le public absorbé a navigué entre un silence recueilli presque religieux et quelques rires contenus générés par les interludes de l’homme à barbe. Le concert s’est achevé sur So I’m Growing Old on Magic Mountain, laissant la foule partagée entre l’émotion et le désir d’une prolongation musicale, mais avec la satisfaction d’avoir assisté à la confirmation éclatante d’un artiste revenu à son meilleur niveau. On a quitté les lieux avec le sentiment d’avoir partagé un moment particulier, une parenthèse enchantée où la musique a touché les âmes et fait oublier, l’espace de quelques heures, la réalité du lendemain. Pour certains, dont les yeux brillaient d’une découverte, le tour de magie Father John Misty venait de produire son effet le plus saisissant. Comme quasiment tous les deux ans depuis 10 ans, on reprendra avec grand plaisir la même ordonnance. Pitchfork Festival Paris, l’Alhambra, Le Trianon, la Salle Pleyel et maintenant le Trianon, quelle sera la prochaine salle du trublion ?
Soigneusement absent de toute autre ville française même après une décennie de tournée, le père Tillman continue de ravir la capitale à chaque tour de récital. Un plaisir renouvelé ajouté à un retour en grâce du à un dernier album bien plus pertinent que les précédents.