Les Fleet Foxes finissent leur tour de l’Europe par Paris et le Trianon par deux dates. Les troubadours n’avaient pas foulé la capitale depuis 2011. Tellement longtemps que Father John Misty était encore leur batteur.
Nick Hakim nous accueille à 19h30 dans un Trianon à moitié plein pour le moment. Ce n’est pas le nombre qui compte car l’engagement du public est réel devant cette pop chaloupée hébergée chez Pias. Le monsieur connaît la capitale puisqu’il faisait partie de l’Avant Garde ouvrant le Pitchfork 2017 il y a quelques semaines. Bizarrement, le fond de la scénographie arrivera en moitié de set pour afficher la pochette de l’album Green Twins dans des teintes noir et blanc pour mieux abriter les lightshows du set.
Prenant des libertés avec sa guitare sur la fin du set, il se créée un peu de mou avec son fil de micro pour pouvoir s’approcher des premiers rangs et vivre un peu plus sa musique avec des pas dont lui seul a le secret. A mi-chemin entre la soul électro récente de Chet Faker / Nick Murphy et les mélodies d’un Metronomy, on comprend facilement pourquoi Nick et sa bande ont trouvé leur public et leur statut d’ouvreur pour un groupe installé comme les Fleet Foxes. On vous laisse avec la foncedée aquatique « Roller Skates » assez symptomatique de ce que le bonhomme a à vous offrir. Egalement une version acoustique du titre éponyme de son album, plus proche de ses premiers concerts à l’époque où le chanteur n’avait pas encore les moyens d’embarquer un groupe avec lui.
6 ans d’absence pour Robin Pecknold et ses amis. Crack-Up sorti avant l’été, il est bizarre de les voir arriver chez nous si tard mais un tour de chauffe par les festivals d’été expliquent aussi ce retard à l’allumage. Bouclant leur tour de l’Europe par un doublé parisien, les américains ne rentreront pas bredouille. La foule est acquise dès la première seconde à leurs chansons, chantées sur le bout des lèvres par une grande partie de la fosse qui n’a de yeux que pour son chanteur. Sans bonnet, cheveux longs, ni barbe, Robin a décidé de venir avec sa bonne humeur et sa voix. Puissante comme rarement dans le registre et toujours juste même lorsqu’il faut changer trois fois de guitares sur un seul morceau. Le choc devant les Fleet Foxes réside dans l’acrobatie des compositions frôlant par occasions les 10 minutes, à tel point qu’on ne sait plus où on est parfois.
Pas le temps de niaiser.
Pour augmenter la sensation de perdition, le groupe ne fait aucune pause et enchaîne ses titres sans relâche avec le sourire. La scénographie est pauvre avec des aplats assez illisibles et des formes au sol relativement inutiles mais pas besoin d’en faire plus pour impressionner au vu de la setlist et de l’interprétation. A l’image d’un Morgan Henderson parfait dans son rôle de multi-instrumentiste jonglant constamment entre une flûte, une trompette, une contrebasse ou une simple timbale. On ne pleurera pas sur la setlist d’une efficacité redoutable avec « Montezuma« , « The Shrine / An Argument« , « Battery Kinzie » et « Helplessness Blues » pour ne citer qu’elles.
Opération Frissons
Lors des deux heures de concert, les Fleet Foxes auront fait deux pauses. Pour mieux laisser la place à leur chanteur et lui permettre de faire 3 titres de leur répertoire en solo à l’acoustique. Des moments exécutés à la perfection qui permettront encore une fois à notre barde de blaguer sur la réactivité du public, même à se demander si ils ne devraient pas emménager ici. Avant le rappel et 22 morceaux, leur plus grand nombre joué sur la tournée, il finira par préciser que c’était la meilleure audience qu’ils aient eu cette année. Cette fois, cela semble honnête et ses nombreux signes de mains et retournements de tête en quittant la scène montraient bien que l’émotion était partagée des deux côtés du Trianon.
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