A l’aune du second album, les Dublinois ont l’air d’avoir digéré avec douleur leur succès critique et public avec Dogrel. Annulations de concerts, nuits très courtes et conflits en interne ont rythmé la création rapide de A Hero’s Death, titre d’album qui frappé d’un double sens assez clair et encore plus lorsqu’on l’écoute.
Econome et sincère.
Le communiqué de presse insiste qu’il y a eu un avant et un après cette ascension. 4 morceaux sont issus de sessions passées et le reste a été vite composé lors d’un retour à la maison pour recoller les morceaux, puis un enregistrement à Los Angeles puis à Londres chez l’incontournable Dan Carey. Déjà producteur de Dogrel et connu pour son travail avec black midi, Bat For Lashes, TOY, Warmduscher et Squid: rien que ça.
A la manière du « Life Ain’t Always Empty » du morceau « A Hero’s Death« , chaque titre porte une phrase répétée jusqu’à quasi épuisement. Avec un fond sonore dramatique ou si ce n’est lourd et sérieux, ce second album peut paraître assez froid. Destiné à ne pas produire une simple v2 de Dogrel, le groupe semble avoir voulu se débarrasser de l’épreuve du second disque comme on enlève un sparadrap. Les premières écoutent affoleraient presque mais cette impression d’avoir un groupe mauvais coucheur se dissipe très vite.
Lors d’un processus de création rapide et douloureux dont ils ne se cachent pas, on y retrouve toujours les qualités de Fontaines DC. A savoir un son très racé et rock rappelant parfois les Stone Roses, des compositions efficaces et une interprétation qui vole le show aussi bien vocalement que par la qualité des textes.
Titre le plus catchy, « Televised Mind » s’ouvre par une basse rebondissante et comme sur chaque titre, Grian Chatten joue la carte de l’économie avec un nombre limité de paroles. A la manière d’un Iggy Pop, il répète la même ligne pour intégrer un nouveau couplet et faire avancer son propos en crescendo. Si les morceaux ont été composés en deux blocs, avant et après la réception de leur premier disque. Il est pourtant quasi impossible de déceler cette séparation au profit d’un album très cohérent, plus que son prédécesseur. Lui qui avait tendance pour se jauger à presque adopter un changement de style à chaque titre. Des titres marquants, cette nouvelle cuvée n’en manque pas et cohérence ne rime pas toujours avec redondance. Le premier single joué en live l’an dernier incarne impeccablement l’évolution et le reste de la tracklist est au diapason : « A Lucid Dream » et ses accélérations bienvenues au moment où le disque semblait en garder trop sous la pédale, « You Said » avec son « operating faster » et sa gratte comme ritournelle efficace pour mémoriser le titre dès la première écoute. « Living In America » s’étire avec son chant cabotin et son tempo plus chaloupé ou la balade atmosphérique « Sunny » continuent de varier les plaisirs d’un album déroutant mais loin d’être usant.
Définitivement pas le disque utilisé pour faire tourner les serviettes, A Hero’s Death n’a pas été pensé comme tel. Jusqu’à son titre ironique sur leur statut de nouvelle révélation attendue au tournant, ils semblent en tout cas prêts à endosser leur rang en enchaînant aussi vite et on a hâte de les voir se débattre à nouveau en live. Sincère et juste, ce deuxième effort se dévoile, déroule son emprise au fil des écoutes et mérite que l’on s’y investisse.
Fontaines DC sera partout en tournée dès que ce sera possible avec des dates déjà programmées en avril à l’Olympia à Paris, au Levitation France ou au Primavera Sound 2021 et ils semblent bien armés pour conquérir les foules à nouveau.