Mais où est passé Ghinzu ? Question que l’on se posait régulièrement depuis 2016, date des dernières apparitions du groupe en concerts. S’en est suivi une promesse d’album et une nouvelle disparition. Jusqu’à l’hiver dernier où une tournée rapidement complète est annoncée avec un passage à L’Olympia le 6 juin dernier !
Seulement croisés en festivals à Rock en Seine en 2015 ou au Pukkelpop en 2009 sur la tournée Mirror Mirror, aucun doute que Ghinzu fait partie de ces groupes à l’aura spéciale. Rare par leur présence et une discographie limitée à 3 albums dont le dernier disque remonte à 15 ans maintenant ! Intense par des compositions maîtresses pour gérer la tension, les longueurs et les ambiances musicales entre rock frontal et nappes instrumentales pour un résultat final jouissif. Cette date à l’Olympia était l’écrin parfait pour remettre une pièce dans notre machine et nous rappeler si besoin pourquoi les belges bénéficient d’un tel culte. Leur deuxième album, Blow, fête ses 20 ans et nous n’aurions pas trouvé meilleur prétexte pour fêter ce grand retour aux affaires.
Quand on arrive sur ‘Going The Distance‘, morceau iconique de la BO de Rocky, c’est que l’on sait ce qu’on fait. Pas du genre à vouloir ménager le suspense, Ghinzu attaque par le trio de morceaux d’enfer qui ouvre leur second disque. ‘Blow‘ met rapidement tout le monde dans le bain et surtout sur orbite et au vu des paroles scandées, le public est en terrain connu et conquis. ‘Jet Sex‘ et ‘Cockpit Inferno‘ sont du même tonneau et place la barre très haute en termes d’intensité pour un premier quart d’heure. Malgré l’absence, le groupe n’a rien perdu de sa présence et de sa prestance. Un batteur en place, puissant et sec dans ses frappes. Un son de basse lourd et enveloppant, des riffs de guitare prêts pour emballer les mélodies et un chant/piano autant à l’aise que concerné. John Stargasm nous félicite régulièrement ou nous vanne sur les chants du public rappelant les stades de foot. En espérant une tôlée des Belges sur la France avec l’Euro de foot qui démarre dès le lendemain. Le public n’était là pas pour faire de la figuration. En transe, hurlant les paroles, mettant à rude épreuve le sol rebondissant de la salle et trépignant d’impatience sur les passages phares de certains titres.
Alors on a utilisé le mot « machine » mais le groupe n’en est pas encore une fort heureusement et on remarquera quelques couacs de voix, de micro ou de clavier en fin de set. Tout comme l’ordre de la setlist désarçonne en démarrant très fort jusqu’au pic qu’a été ‘The Dragster-Wave‘. Avant de connaître quelques trous d’air. C’est seulement après le premier rappel et la place faite aux morceaux forts de Mirror Mirror que sont ‘Cold Love‘et ‘Mirror Mirror‘ que le show reprendra son rythme. Ou ‘The End of the World‘ sur laquelle Stargasm descendra dans la fosse pour chanter et voir son micro débrancher. On aurait d’ailleurs pas dit non contre quelques morceaux supplémentaires de ce troisième disque.
On ne sait pas si cette tournée est synonyme d’un nouvel album à venir, rien n’a été précisé pendant le concert et aucune communication ne va dans ce sens pour le moment. On ne serait pas étonné de voir une annonce passer en fin d’été. Depuis les concerts de 2015/16, des nouveaux titres comme ‘Barbe Bleue‘ et ‘Forever‘ avec en guest la femme du chanteur jouée en clôture de set ce soir. Mais rien ne dit que cet album évoqué il y a 10 ans comporte un nom, une pochette ou même une date. En attendant, on prend Ghinzu comme il se doit. Pour l’instant présent et ce retour n’a rien du revival nostalgique où l’on ferme les oreilles. C’était un vrai beau moment de communion où le public comme le groupe est reparti content d’avoir pu reprendre les choses là où on les avait laissé. John Stargasm nous dira plusieurs fois que Paris a été bon, très bon, exceptionnel même : nous renvoyons le compliment.