Samedi 22 Mai est paru un long dossier sur Mediapart rassemblant entre autres plusieurs témoignages de personnes ayant subi des agressions sexuelles au sein du milieu punk / hardcore / metal français. Beaucoup de personnes connues depuis des années dans la scène francophone sont incriminées, dont notamment un membre essentiel de Rage Tour, société de concert fondée par le leader de Tagada Jones et qui s’occupe des tournées entre autres de Ultra Vomit, No One Is Innocent, Black Bomb A, Dagoba ou Les Sales Majestés.
En substance, cet organisateur est accusé de s’être rendu coupable et complice de plusieurs agressions sexuelles entre 2010 et 2019 ainsi que d’avoir droguée une femme pour la violer. Devant les accusations (pourtant corroborées par de multiples témoins dont le guitariste de No One Is Innocent), Rage Tour a couvert son employé en déposant plainte contre l’une des victimes qui a rendu l’affaire publique, puis a cherché à faire pression sur l’employeur d’un membre du groupe Nightwatchers après qu’il ait pris position contre les agissement au sein de la société.
Si l’on connaissait l’affaire depuis quelques temps (lire la news de Metalorgie de l’époque ) l’article de Mediapart relate en détail les agressions multiples et surtout l’impunité dont bénéficiait l’employé de Rage Tour.
L’autre gros morceau du papier de la discorde, ce sont les témoignages à l’encontre de Till, leader de Guerilla Poubelle et patron de Guerilla Asso. Plusieurs de ses ex compagnes dénoncent des comportements répréhensibles à leur encontre, dont des rapports non consentis sans protection entre 2006 et 2008 – accusations réfutées par le chanteur/guitariste dans l’article – ainsi qu’une ostracisation de la part de la scène Guerilla Asso (qui a produit, distribué ou fait tourner plus d’une centaine de groupes de punk depuis sa création) une fois les relations amoureuses terminées.
On peut se demander quelles seront les répercussions d’un tel dossier, parce qu’entre Rage Tour et Guerilla Asso, on a les organisations les plus médiatisées du milieu. A quoi peut-on s’attendre ? Une dissolution ou un boycott des groupes / labels cités ? Une libération de la parole avec révélation d’autres bails sombres ? De notre coté, on espère surtout a minima une prise de conscience de la trop grande récurrence de ces comportements (et pourtant l’auteur de ces lignes est loin d’être un modèle de probité)
On constate que, depuis la parution de l’article, il y a eu peu de réactions affichées par les concernés ou les groupes partenaires de ces labels / tourneurs. Certains pourront se montrer déçus de ce mutisme, ici on apprécie ce silence gêné où les mis en cause ne la ramènent pas, plutôt qu’une communication exécrable – comme celle du Hellfest qui pour « protéger son image d’organisation safe” avait préféré remettre en cause le témoignage d’une festivalière qui affirmait avoir été agressée lors de l’édition 2019 (Le Hellfest a depuis reconnu sa maladresse)
Que retenir de tout cela ? Que les problèmes de toxicité et d’agressions sexuelles n’épargnent apparemment aucun milieu, et que même la scène punk / hardcore si fière de ses valeurs d’inclusion scandées à chaque concert est loin d’y être imperméable. Tout ce qui est énoncé décrit une ambiance d’omerta où les agresseurs sont protégés et les victimes ont du mal à faire entendre leur voix.