Leur troisième disque Ultra Mono n’aura donc pas connu de tournée dédiée que les IDLES sont déjà sur l’étape d’après. Dès le 12 novembre, Crawler vient frapper à la porte avec des envies d’ailleurs. Finis les morceaux coups de poings et l’envie de sonner toujours plus fort, cette cuvée serait celle du pas de côté et de la composition plus réfléchie. Pour le meilleur ?
Autant évacuer le suspense d’entrée, nous avions adoré Ultra Mono.
Un son énorme, des tubes immédiats, une batterie dantesque et un sens du rythme incessant : toutes les cases étaient cochées pour nous défouler et faire de ce disque un vrai coup de massue dans nos oreilles. Décrit dans le communiqué de presse de son successeur comme une caricature d’eux-mêmes(!), la suite s’écrit donc différemment.
Mais avec le même producteur, Kenny Beats aux manettes. Cette fois en collaboration avec Mark Bowen, guitariste moustachu emblématique du groupe. Avec en guise de teasing, l’accroche « Malgré tout, la vie est belle », le disque revêt une facette plus contemplative. A l’image de son introduction réussie « MTT 420 RR« , lente mélodie que n’aurait pas renié BEAK>, où l’on se sent rapidement bien et intrigué. On y retrouve des basses lourdes, la voix gutturale de Talbot et un goût pour la redondance assez caractéristique du groupe.
Faux rythme.
S’ensuit « The Wheel » à la batterie pétaradante et les riffs aiguisés nous ramène en terrain connu mais semble s’arrêter à mi-chemin. Sans jamais prendre le virage habituel qui fait d’un hymne d’IDLES ce qu’il est. Ne pas vouloir pleinement nous donner ce que l’on attend, une habitude que Crawler installe tout au long de sa tracklist.
Un pas plus loin vers le son hip-hop et sa prod compacte et saturée, « Car Crash » amène de la diversité tout en s’étirant sans raison. Tout comme « The New Sensation« , qui répète la même boucle bien trop longtemps. Bien des titres donnent la sensation de ne pas avoir décoller avant de se terminer.
Musicalement, il est difficile de s’y retrouver. On sent que le groupe voulait faire autre chose mais… quoi ? Aucun instrument n’a véritablement de moment de bravoure : rien n’étonne par son originalité, n’impressionne par son efficacité ou ne marque tout simplement. Côté chant, Joe Talbot abandonne ici ses onomatopées et cris en tous genres pour une posture de storyteller peut-être moins fatigante mais aussi moins marquante. Collectivement, on ne retrouve pas la claque de tubes comme « Colossus« , « Reigns« , « WAR » ou « Samaritans » et cela sera difficile d’engager autant les foules en concerts avec ces nouvelles munitions.
Qualifiés de poseurs par leurs détracteurs, IDLES commence par lasser.
A toujours vouloir être plus militant que le groupe voisin, à embrasser toutes les causes de la société et à signer des punchlines parfois juste bonnes à être sur un carton dans une manif flinguée. Ce disque est là pour parler de rétablissement, de guérison suite à la pandémie ou à un traumatisme. Vaste sujet qui ne transforme pas son essai en réussite. La faute à un rythme décousu, à un manque de tubes et à de nouvelles orientations sonores qui n’empêchent pas le groupe de tourner en rond. Une nette déception donc.
Bien sûr, on ira toujours des morceaux à se mettre sous la dent comme « CRAWL » ou « Progress » mais ce sera un mince lot de consolation en comparaison des albums précédents…
Retrouvez notre interview de Joe Talbot réalisée l’an passé ainsi que notre podcast dédié à eux ci-dessous.