IDLES ✖︎ TANGK

Perchés sur le toit du nouveau rock international, les Idles essaient petit à petit de décoller l’étiquette du post-punk dont ils sont le groupe étendard. Cinquième album en moins de 7 ans, TANGK en est l’illustration.

IDLES est un ensemble de symboles. Un genre musical, un chant guttural, un positionnement politique affirmé, un merch tentaculaire et une communauté de fans dévouée. Que cette grande kermesse du rock festif se retrouve à enregistrer avec Nigel Godrich, LE producteur de Radiohead, il fallait pourtant la voir venir. Leur rencontre lors de l’enregistrement de leur From The Basement a été le départ d’une collaboration inattendue mais salvatrice.

C’est maintenant au sein d’un disque assumant pleinement ses envies d’ailleurs que le groupe trouve sa nouvelle mue. Rythme ralenti, chant posé et omniprésence des claviers et des nappes garantissent un changement d’ambiance radical et bienvenue. CRAWLER entamait le virage d’une manière tranchée, là où TANGK amène une nuance subtile et inattendue. En excellent single, ‘Dancer‘ pose les bases en étant le titre le plus séducteur et trompeur de cette nouvelle cuvée. Dissonant et dansant comme LCD Soundsystem sait l’être, cette association de bienfaiteurs met parfaitement en jambes pour la suite. ‘Grace‘, ‘Gratitude‘ ou ‘Jungle‘ finissent de convaincre en replaçant les forces du groupe : ce n’est pas seulement dans le cri ou dans les décibels qu’IDLES a su se démarquer mais par son intensité.

‘Hall & Oates‘ et ‘Gift Horse‘ seront là pour rassurer les surpris et portent encore les traces et la forme du son d’avant. Sans sonner diluées, ni versées dans le pilote automatique. On y retrouve aussi les sonorités hip-hop à la ‘Car Crash‘, amorcées à l’aide du producteur Kenny Beats sur ‘POP POP POP‘. D’un bout à l’autre, on pourra souligner l’étonnante performance de Joe Talbot. A la fois étendard d’un style et caricature d’un chant reconnaissable entre milles, il montre ici l’étendue d’un talent vocal qu’on ne savait pas aussi varié. En prenant le temps de se dévoiler sur sa paternité, sa récente rupture ou sur sa passion éternelle pour la monarchie.

TANGK est un disque charnière dans la vie du groupe puisqu’on les voit difficilement revenir en arrière et reprendre la route du post-punk comme si cette étape n’était qu’une parenthèse. C’est plutôt l’aboutissement d’une évolution entamée avec le disque précédent et dont on peut apprécier la réussite.

Voir ces nouveaux morceaux prendre vie dans une tournée mondiale des stades risque d’être un exercice intrigant aussi bien pour eux que pour le public et c’est là qu’on verra si leur sens de la communion est universel. Maintenant que le disque est disponible, il sera tout aussi curieux de lire les réactions au sein d’un public rock pouvant être très borné et exigeant d’un groupe de toujours sortir le même album.

On est en tout cas déjà prêt à parier qu’il fera date et rebattra les cartes du rock anglais avec un hymne à l’amour qui heureusement ne transforme pas pour autant Joe Talbot en Édith Piaf.

NOTE FINALE
La tornade IDLES souffle plus que jamais et revient avec ce cinquième album sous forme d'apaisement et d'ode à l'amour et à la composition. TANGK signe un tournant et c'est tant mieux. En cassant leur formule et la routine, ils n'en délaissent pas pour autant l'intensité qui les caractérise et rentrent de plein pied dans le rock alternatif en gardant leur identité.
Un changement bienvenu, inattendu et réussi.
Un vrai album qui s'écoute en entier et qui gagne à s'écouter au casque.
L'imparable Dancer, déjà parti pour être un des morceaux de l'année.
Ca passe ou ça casse.
4.5