Comme elle parait proche et loin cette année 2017 où nous avions croisé Joe Talbot dans un disquaire pour une interview à la sortie française de Brutalism. Sept ans plus tard, c’est une tournée mondiale des stades qui les occupera pendant les prochains mois. Le costume n’a jamais paru trop grand où la démonstration de force a été totale. Elle est facile mais évidente à l’issue de ce concert, IDLES est à son zénith quelques semaines après la sortie de TANGK.
Pouvions-nous franchement rêver mieux qu’avoir DITZ pour ouvrir cette soirée ? Estampillé ‘’nouveau groupe préféré de Joe Talbot’’, le groupe nous avait explosé au visage avec leur incontournable The Great Regression. Encore et toujours sur la route, nous avons pu constater au Petit Bain et à l’Aéronef en janvier 2022 leur folie et leur capacité tout terrain à prendre la scène et à la retourner. Autre lieu, même sentence pour la bande de Cal Francis qui démarre avec un chanteur posé sur un siège des gradins et séparant la fosse en deux. Le ton est donné, les bases sont posées : DITZ n’a absolument pas peur des grandes salles et nous a même confiés adorer l’exercice. Habitués à des jauges de 100 à 400 personnes, les 6 804 personnes ont pu constaté à quel point le groupe est doué pour faire tomber la foudre. Deux nouveaux morceaux se sont planqués dans la setlist, un aperçu d’un deuxième album déjà enregistré mais dont la date de sortie n’est pas encore fixée. On saluera l’audace de la prestation, la mise en scène, la qualité de son pour une première partie et le caractère unique de voir un groupe comme celui-ci dans une salle pareille. Et si ça permet en plus de remettre le couvert pour une trentaine d’écoutes de leur premier album, on n’aura vraiment pas perdu notre soirée.
Pour avoir vu IDLES sur quasiment tous les formats de concerts en quelques années, nous avions eu une certaine lassitude en 2022. Un coup de mou devenu de l’histoire ancienne suite au show dantesque du Pointu Festival l’été dernier. Enjoué de les revoir mais quelque peu déçu d’être dans une salle si grande, c’est l’état d’esprit d’une grande partie des gens présents. Quelques minutes suffisent pour se rendre compte du cap franchi pour assumer de jouer sur une scène de cette taille. Très vite après la sortie de Brutalism, le groupe a dû jouer à Wembley avant les Foo Fighters. A l’époque, Joe Talbot nous avait dit que changer d’échelle, « C’est la même chose. On ne change pas notre show donc il faut que tu sois capable de jouer de la même manière. Si t’aimes ce que tu fais et que t’as confiance en toi, c’est la même chose. »
Force est de constater qu’il ne se contredit pas : il n’a pas peur et ses potes non plus. La gestion des temps, l’incarnation, le jeu de scène avec le public, les interludes pour apporter son soutien à la Palestine ou remercier le public, tout ce qui fait un concert d’IDLES est là auquel on rajoutera un soin particulier pour les lumières et le son. Quel bonheur d’avoir un son qui leur rend justice et de pouvoir connecter avec le groupe malgré la taille du Zénith. Tout ça passe par une chose, le travail. Bien entourés et sacrément déterminés à nous en mettre plein la gueule, chaque membre a fait plus que remplir sa part du contrat. John Beavis est une véritable machine, Dev chantant chaque parole à tue-tête et sa basse dansante, Bowen et sa folie, Lee et ses déhanchés désarticulés : tout ce beau monde nous a régalés et a foutrement travaillé pour arriver à passer ce tour de force avec une impression de facilité. Conquérants sans jamais perdre ce qui fait le sel de leurs concerts, à savoir la communication avec le public et des passages bien régressifs.
A l’écoute de TANGK, la curiosité était de mise pour savoir comment ils allaient réussir à le faire cohabiter avec leur goût pour la gaudriole et la grande kermesse que peuvent être leurs concerts. ‘The Beachland Ballroom‘ et sa couleur soul, la déferlante ‘Mother‘, le générateur de pogos ‘Never Fight A Man With A Perm‘ et le grand retour de ‘Samaritans‘ sont quelques souvenirs parmi tant d’autres d’une setlist bien pensée et savamment exécutée. Si les couacs techniques du show chez France Inter sont oubliés, les refrains de ‘Dancer‘ ont coincé ce soir (et le micro aura complètement abandonné Joe sur le titre « Divide & Conquer » à Anvers). Mais absolument pas de quoi gâcher la fête. L’évolution franche et bienvenue de ce nouvel album prend complètement forme et cette nouvelle mouture d’IDLES donne envie d’une seule chose : les revoir.
Pour continuer sur le groupe, notre avis sur TANGK est ici, toute comme vous pouvez retrouver notre interview de Joe à l’époque de Brutalism en 2017 et d’Ultra Mono en 2020.