Depuis l’annonce fin janvier de son album Post Pop Depression, Iggy Pop et sa nouvelle bande avaient parlé d’une courte tournée mondiale dans une série d’endroits triés sur le volet. Adios la salle des fêtes du bled de ta tante, ça passera par une dizaine de dates américaines et seulement 6 en Europe dont la dernière à Paris au Grand Rex. Un contexte parfait pour une date sold-out, malgré un tarif orchestre à 71€ la place et un prix d’appel à une cinquantaine de balles. Si on ajoute que le Rex nous vend une cannette d’Heineken à 8€ les 50 centilitres, la vieillesse n’est plus un naufrage : c’est une ruine.
Le dix-septième album d’Iggy a maintenant deux mois d’existence et de tournée et le temps lui donne toujours cette saveur doux amère : des paroles autobiographiques, un enrobage à la Queens of The Stone Age et une ambiance fin de vie assumée mais parfois jugée chiante et ronflante par ses détracteurs. La réputation d’Iggy Pop le poursuit mais qu’en est-il à une année des 70 ans ? Aucun doute, ce mec n’a pas d’âge. Tu le vois à la veille du concert, traînant la patte doucement avec une voix posée, d’une disponibilité et d’une gentillesse incroyable. Et le lendemain, il débarque prêt à envoyer 2 heures de concert avec slams, sauts, cris, tours de salle. Sans JAMAIS fatiguer. Un exploit dépassant l’entendement réalisé avec le sourire, facilité et qui te file une patate sans pareille.
Place assise ? Mon cul.
On oublierait presque que le Grand Rex avait des putains de sièges. Sur lequel on ne s’est jamais assis. A peine parti pissé 2 minutes en fin de première partie que les premiers rangs ont été envahis par des dizaines d’irréductibles bien décidés à inventer une fosse. A la vue du démarrage par » Lust for Life « , on aurait du mal à savoir comment on aurait pu faire autrement. Les médias ont soulignés la qualité du groupe entourant Iggy et on ne peut qu’abonder. Certes, je suis un énorme fan de QOTSA. Mais merde, les guitares de » China Girl « , l’ambiance crade de » Mass Production « , la rage et la batterie de » Repo Man « n’auraient pas été les mêmes sans cet écrin à la hauteur des rallonges offertes ces dernières années par les Queens. Troy, Dean, Matt, Matthew et Josh s’emploient à ne jamais essayer une seconde de voler la vedette à leur chanteur. De toute façon bien trop charismatique, envoûtant et généreux pour être rivalisé.
Un iguane au sang chaud.
Un animal. Un tour de salle allant jusqu’à la porte d’entrée sur » Fall In Love With Me « , du crowd-surfing par dizaine, des high-fives, des poignées de mains : Iggy donne tout, prend et ne garde rien. 22 morceaux, deux heures de show et une setlist nous donnant presque la totalité de The Idiot et de Lust For Life mais aussi de Post Pop Depression réhaussé de l’excellente » Repo Man « . Chanson issue de la B.O du film du même nom qui sera le moment le plus énervé du set.
Que dire après ça ? Que l’on ressent 48 heures plus tard le phénomène de la Post Pop Depression, le manque ressenti par les membres du groupe une fois que l’enregistrement s’est terminé. Nous avons déjà envie de notre prochaine dose. On croise les doigts d’ailleurs pour que les festivals d’été soient prévus avec le même line-up. A l’image de Josh Homme la petite larme à l’oeil à la fin du concert, on finit un peu tristes. Ce bon vieil Iggy tient bon la barre et mérite clairement son statut d’icône, de parrain du punk. Un vrai fou, un vrai gentil, un vrai showman, un vrai bonhomme, un vrai plaisir à regarder.
Unique pensée casse-burnes et rabat joie d’avant concert ci-dessous.
Voir un concert d'Iggy Pop assis à 72€ la place avec une pinte à 8€. La vieillesse n'est pas un naufrage : c'est une ruine.
— VisualMusic (@visualmusicorg) May 15, 2016
Quelque soit l’âge un jour je veux être, ne serait-ce qu’un peu, comme Iggy.